Plus de 7.000 patients reçus en près d'un an, quelque 4.500 patients inscrits et un standard téléphonique qui n’en finit plus de sonner avec environ 3.500 appels quotidiens. Depuis son ouverture en novembre 2022, le centre de santé Sud 77 ne désemplit pas. Il faut dire que la Seine-et-Marne, en plus d’être le département le plus vaste de l’Ile-de-France, ne compte que 78,8 médecins pour 100.000 habitants selon les chiffres 2022 de l’ARS, ce qui en fait également le moins bien doté en termes de démographie médicale. Il était donc urgent de stopper, ou tout du moins ralentir, la désertification médicale dans le territoire. C’est de ce constat qu’est né le centre de santé associatif Sud 77, fondé par trois amis non-professionnels de santé : Laurent Dabin et Franck Pezant, tous deux anciens délégués à la CPAM et désormais directeurs du centre, et Roger Le Bloas, agent à la RATP. C’est grâce au travail de ce dernier qu’ils ont eu vent des difficultés rencontrées par les médecins du territoire et que l’idée leur est alors venue. "Les médecins rencontrés sur la ligne entre Combs-la-Ville et Provins nous alertaient qu’ils recevaient déjà beaucoup de patients de l’Yonne et du Loiret", explique Franck Pezant au Parisien. "De plus, ils se disent noyés par les tâches administratives, entre courriers, traitements des dossiers rejetés par la CPAM ou les mutuelles… Ils devaient refuser des patients. C’est difficile à vivre. On a cherché comment les retenir ou les attirer."

Pour réussir à entraîner les médecins à leur suite, les trois amis leur ont proposé de les salarier, afin de consacrer leur temps aux patients et uniquement aux patients. Une équipe s’occupe spécifiquement des tâches administratives, et les deux directeurs se chargent, eux, de la logistique. "J’avais pris ma retraite en juillet 2021, à 70 ans. Mais les patients continuaient de m’appeler. Et quand on a ça dans le sang…", confie Patrick Droit, le tout premier médecin généraliste à avoir rejoint le centre de santé.

Sur les 7.000 patients reçus, seuls 30 % résident en ville. "Comme le centre est associatif, on ne privilégie pas que les habitants du Châtelet. Mais cette commune est la seule à tout porter. Ce n’est pas très juste", signale Roger Le Bloas au Parisien. D'ailleurs, certains patients font jusqu’à 30 km pour voir un médecin...

 

Coup de pouce de la municipalité

Pour que le projet se concrétise, la mairie de Châtelet-en-Brie, propriétaire des locaux de 186 m², a offert trois ans de loyer et de charges d’électricité. De son côté, l’ARS et le département ont subventionné le lancement. Il reste donc à la charge de l’association les salaires des 16 salariés. Cependant, depuis le mois de novembre 2022, "9 médecins ont cessé leur activité dans un rayon de 20 km. On a embauché une personne de plus au standard et investi dans un poste informatique. Cela représente un surcoût de 60 000 euros", indique l’association qui précise être à la recherche de subventions afin de pérenniser le centre.

Fort de son succès, le trio prévoit d’ouvrir un autre centre de santé du même type à Saint-Mammès, à quelques kilomètres de Châtelet-en-Brie, en début d’année 2025.

 

[Avec Le Parisien]

 

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