Article publié dans Concours pluripro, décembre 2023

 

Lutter contre les déserts médicaux en proposant un nouveau lieu avec une offre sanitaire et sociale, c’est tout l’enjeu de ce projet, qui vient de se concrétiser dans un quartier classé zone d’intervention prioritaire par l’ARS. Initié dès 2021, il est soutenu par Nantes Métropole et a bénéficié de l’accompagnement de Co’Santé, le collectif des centres de santé en Pays de la Loire. Dans un même bâtiment entièrement rénové, les habitants ont accès à une large offre de soins : un médecin qui pratique la gynécologie (deux autres arriveront début 2024), deux infirmières, une psychologue, un médiateur en santé, une assistante sociale, un secrétariat médical et une infirmière en éducation thérapeutique et prévention.

"Nous sommes déjà gestionnaires de 12 centres de santé infirmiers, d’un service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) et d’une équipe spécialisée Alzheimer, mais c’est notre premier centre de santé pluriprofessionnel, confie Bérangère Camin, directrice des soins et codirectrice générale de l’association Accompagnement Soins et Santé. Ce projet reprend nos valeurs associatives de solidarité et d’humanisme, d’accès aux soins pour tous et d’attention aux plus vulnérables. Dès le départ, nous avons travaillé avec de nombreux partenaires locaux, notamment les délégués territoriaux de la ville de Nantes et le Conseil citoyen du Breil Malville. Nous avons adressé un questionnaire aux habitants afin de monter le projet de santé avec eux. Cela nous a permis de réaliser le diagnostic de santé du territoire dans le cadre d’une démarche participative."


crédit : Garance Wester/Nantes métropole
 

Dans ce quartier prioritaire, de nombreux thèmes sont ressortis : sédentarité et isolement, addictions, souffrance psychique, problèmes liés à l’alimentation, maladies chroniques, mais aussi la question de la santé des femmes, au coeur d’une population où la monoparentalité est prégnante. Aucune avance de frais n’est demandée aux patients, et des consultations gratuites sont proposées avec la psychologue. Dans cette configuration, tous les professionnels sont salariés de l’association, à l’exception des cinq paramédicaux libéraux (2 orthophonistes et 3 kinésithérapeutes), dont les locaux implantés dans le quartier avaient été incendiés en 2018.

Pas de domicile

"Il y a suffisamment d’infirmières libérales dans cette zone. Donc, dès le départ, nous avons décidé qu’il n’y aurait pas de soins à domicile, souligne Claudine Davy, responsable des centres de soins infirmiers de l’association. Nous avons mis en place progressivement des permanences. Les deux infirmières épaulent le médecin et font de l’aide à la consultation. Tous les professionnels du centre ont des temps d’échange ensemble dans un cadre associatif. C’est une première pour nous."

À peine ouvert, le centre travaille déjà sur de nombreux projets, comme le développement de l’éducation thérapeutique et l’ "aller vers" avec la médiation. Il ne devrait pas rester unique en son genre. "Nous avons accompagné et facilité le montage du projet depuis ses débuts, précise Christelle Le Coz, directrice de Co’Santé. Il y a un réel besoin sur le territoire et une envie des professionnels de santé d’exercer en tant que salariés. Le modèle participatif et associatif a fait ses preuves. Il met en avant la capacité des associations à innover, à développer des projets et l’engagement des bénévoles. On espère que ce premier centre pluriprofessionnel sera le premier d’une longue série !" Un deuxième centre de santé associatif devrait voir le jour à La Bottière. 
 

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