Article initialement publié sur egora.fr
 

Un millier. C'est le nombre de rendez-vous non honorés par les patients du centre de santé Léon Blum de Belfort l'an dernier, sur les 20 000 consultations assurées par les trois généralistes de la structure. "Dans 90% des cas, les gens ne préviennent pas pour annuler", déplore le directeur de l'association Agir ensemble pour notre santé, qui gère le centre depuis 42 ans. "Chaque jour, on réserve 15 à 30 plages de rendez-vous pour les symptômes aigus. Quand quelqu'un appelle à 8h30 et ne se présente pas à 10h30, on ne peut pas parler d'oubli !", dénonce Guillaume Guthleben, interrogé par L'Est républicain.

Le président de l'association, qui se bat pour améliorer l'accès aux soins pour tous, s'insurge également : "Dans les structures médicales, on est confronté à la violence verbale, à la limite du physique parfois. Le patient devient un client, estime qu'il a des droits, mais oublie ses devoirs", lance Olivier Rebrab. "Il consomme la santé comme s'il était au supermarché." Si ces lapins ne sont "pas du temps perdu" pour les médecins qui en profitent pour "faire autre chose", les actes, eux, "sont perdus", souligne le Dr Johnny Marcelino, directeur médical.

Cela représente pour la structure un réel manque à gagner : sur l'année 2023, ces rendez-vous non honorés "représentent un manque budgétaire de 25 000 euros, soit plus que le salaire d'une secrétaire à l'année". Sur les 1 000 patients n'ayant pas honoré leur rendez-vous l'an dernier, 300 étaient "récidivistes". "À la deuxième absence, nous envoyons un courrier ou un mail et au troisième rendez-vous non honoré, les médecins peuvent décider de ne plus recevoir la personne", explique Guillaume Guthleben. Ainsi, 100 courriers ont été envoyés en 2023, et 23 patients ont été informés qu'ils ne seraient plus suivis. L'association a placardé des affiches en salle d'attente pour inciter les patients à prévenir en cas d'empêchement.

Dans le cadre du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, le Sénat avait adopté une "taxe lapin" visant à "mettre à la charge des assurés n'honorant pas un rendez-vous en soins de ville une somme forfaitaire". Taxe finalement balayée par le Gouvernement à coup de 49.3.


[avec L'Est républicain]

 

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