"Enfin, la santé publique !" Un titre "fort" donné au 61e Congrès des centres de santé, affirme Frédéric Villebrun, président de l'Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS), car "on a l’impression que la révolution de la santé publique et de la prévention n’a pas eu lieu contrairement à ce qui a été promis par le candidat Macron en 2017…" Et si la thématique de la santé publique a "souvent" été au cœur des précédents congrès, aujourd’hui, "il y a urgence", poursuit le médecin : "Les centres de santé ont vocation à être des pivots en termes de santé publique, car ils ont au plus près de la population. Autant l’hôpital public doit être renforcé, autant les centres de santé à vocation de santé publique doivent également être soutenus."

"Conflit de valeurs"

Si elle reconnaît que l’accord conventionnel signé avec l’Assurance maladie "porte des avancées" – l’avenant 4 ayant mis le focus sur le volet médico-social –, celles-ci sont "encore trop timides et on a besoin de soutien plus importants sur des actions concrètes qui s’intègrent dans un plan de santé publique plus ambitieux", affirme Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé (FNCS). Car les 20% de recettes que les centres de santé dégagent de cet accord national pour financer "tout ce qui est hors des soins", ce n’est pas suffisant, estime la médecin généraliste.
 

Voir le programme de la 61e édition du Congrès national des centres de santé
 

A quoi ressembleront les nouvelles conventions avec l’Assurance maladie ? Quelles sont les avancées et les perspectives pour le modèle économique des centres de santé ? Le modèle économique du paiement à l’acte est un modèle "fragile", insiste Alain Beaupin, président de l'Institut Jean-François Rey : « Si on raisonne d’un point de vue économique, on voit qu’on a un modèle adapté à des pathologies courtes et des épisodes de soin courts. Mais comme on est dans un schéma de pathologies chroniques, ce modèle n’est tout simplement plus cohérent." Décrivant le "conflit de valeurs" des professionnels de santé qui voudraient prendre le temps nécessaire pour le patient, le médecin généraliste est convaincu que le paiement au forfait permet de lever cet obstacle : "Aujourd’hui, plus vous vous occupez d'épisodes de soins rapides, de soins non programmés, de la délivrance de certificats, d'angines ou de cas de varicelle, vous avez un modèle qui fonctionne… Mais si vous choisissez, comme beaucoup d’équipes, de prendre en charge des publics vulnérables, qui ont des troubles psychiques par exemple, qui sont polypathologiques, et qui consomment beaucoup de temps médical, le curseur est difficile à régler. En clair, si on veut régler ces questions à l’optimum budgétaire, on n’est pas à l’optimum de performance médical… et ça, ça nous embête."

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