"Une chose est sûre : il y a plusieurs affaires dans cette affaire. D’abord celle des fraudes et des sommes engagées. Ensuite, la gestion financière même des centres de santé. Mais ce qui me révolte davantage, c’est la lente destruction de l’esprit Cosem, tel que je l’ai connu à mes débuts.

J’ai rejoint le groupe en 2017, comme médecin généraliste après avoir été remplaçant en libéral. À l’époque, il y avait six centres de santé parisiens et juste après le Covid, on est passé à presque une vingtaine de centres sur l'ensemble du territoire, comme annoncé par le directeur général. Le projet d’ouverture d’un centre doit être étudié par le comité médical d’établissement en présence de l’ensemble du comité de direction. Et il est clair que depuis deux ans, cette stratégie a été complètement annihilée par la direction de l’association : aujourd’hui, le directeur général est seul décisionnaire de tous les projets d’ouverture de centre… sans même étudier la faisabilité du projet. C’est un électron libre : il achète les immeubles qu’il souhaite pour les transformer en centres de santé, sans aucune étude sanitaire ou enquête sur les besoins populationnels au préalable.
 

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Donc depuis deux ans, on a vu arriver plusieurs centres de façon anarchique sur le plan de la stratégie sanitaire. Je ne parle pas d’immobilier mais seulement de ce qui me concerne : les besoins populationnels qui n’ont jamais été étudiés et évalués. Donc on se retrouve avec des centres flambant neufs mais vides... vides de médecins et de patients ! Et derrière, la direction générale exerce une pression extraordinaire sur ses collaborateurs, surtout ceux du recrutement, pour trouver des médecins et des dentistes afin de remplir ces centres… parce qu’elle a besoin que ces centres puissent fonctionner et obtenir numéro Finess afin qu’ils soient en mesure de lui reverser des loyers, en tant que propriétaire de l’immeuble. Il y a donc une stratégie immobilière cachée !

C’est la floraison de ces centres qui m’a mis la puce à l’oreille : je ne comprenais pas comment et pourquoi il y avait autant de centres en si peu de temps. Et il faut dire que la direction utilise, de mon point de vue, des techniques douteuses : quand le directeur général se retrouve, avant l’ouverture du centre, devant des élus et des représentants de l’ARS, il leur promet à l’ouverture 50 médecins et 30 dentistes… alors qu’il n’en est rien. En réalité, il ne les a pas. Par exemple, le centre de santé de Saint-Etienne qui a ouvert il y a un an, et pour lequel il a promis énormément de médecins, fonctionne à même pas 15% de ses capacités. Plus flagrant : le centre de Saint-Quentin-en-Yvelines qui est vide aujourd’hui. Il n’a même pas ouvert…

Une bonne part des médecins reçoivent un courrier du Cnom qui s’oppose à leur exercice au Cosem
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