Mi-novembre, au départ du Dr Gilles Stasica du centre de santé du bassin Tonneinquais (CSBT), une affichette avait été placardée sur la porte d’entrée de son cabinet indiquant : "Les médecins du CSBT ne sont pas en mesure de reprendre sa patientèle", rapporte le quotidien Sud-Ouest, laissant de facto les patients sans solution. Le 30 novembre dernier, lors de l’Assemblée générale du centre, une salariée de la structure a expliqué : "Aujourd’hui on ne donne la priorité qu’aux Tonneinquais quand une place se libère dans la patientèle. (..) On fonctionnera comme ça tant qu’on n’aura pas plus de médecins". À l’heure actuelle, 51 % des personnes qui fréquentent le CSBT sont de Tonneins même et la demande émanant de patients vivant dans les communes alentours est croissante. "Mais on ne peut plus l’intégrer", a précisé Dante Rinaudo, maire de Tonneins et président du CSBT.

Seuls les électeurs en profitent...

Une pratique qui "heurte" le Dr Michel Durenque, ex-président de l’Ordre des médecins de Lot-et-Garonne. Il a affirmé au quotidien régional que "certes déontologiquement on peut refuser un patient qui n’est pas dans une situation d’urgence. Mais ce qui se passe à Tonneins, c’est ce qui se passe partout ailleurs dès que des maires décident d’ouvrir un centre de santé : ils veulent que ce soit les électeurs uniquement qui en profitent parce qu’ils ont mis de l’argent public. Cela ne peut plus durer". Il rappelle, en outre, que les centres de santé fonctionnent grâce aux financements de l’ARS et donc "des impôts de tout le monde". En outre, les statuts associatifs du CSTB précisent bien que l’offre de soins de premier recours concerne l’ensemble du bassin de vie, soit une vingtaine de communes.

Informé, le directeur de la délégation départementale de l’ARS, Joris Jonon qualifie la méthode tonneinquaise de "sélection géographique plutôt que de discrimination" mais insiste pour que l’accès aux soins soit ouvert à tous. "S’il doit y avoir des critères de choix, ce sont en priorité la pathologie ou la nécessité d’un accès aux soins dans un délai déterminé" qui doivent servir de critère.

[Avec Sud-Ouest]

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