Une consultation prénatale de prévention, d’une demi-heure environ, pour interroger les habitudes de vie, le dépistage, ou encore le rattrapage vaccinal. À compter de ce 13 février, les futurs pères peuvent prendre rendez-vous au centre municipal de santé (CMS) Savattero ou au centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) du Centre hospitalier intercommunal (CHI) André Grégoire de Montreuil, pour bénéficier d’un prélèvement pour un bilan sanguin en fonction de l’interrogatoire, d’une ouverture des droits sociaux si nécessaire, d’un rattrapage vaccinal, ou encore d’une orientation vers d’autres professionnels de santé en fonction de leurs besoins : médecin traitant, médecin spécialiste, psychologue, services sociaux, réseaux associatifs, etc.

La mise en place de cette consultation* est née d’un constat : la Seine-Saint-Denis est un département particulièrement touché par le VIH puisqu’il se situe en deuxième position juste après Paris. Dans ce contexte, le dépistage prénatal des femmes, quasi-systématisé, permet l’obtention de bons résultats avec 97 % de sérologie VIH dans le dossier prénatal. "À l’inverse, le retard de diagnostic des hommes hétérosexuels est prégnant, explique Swati Kakkar-Perrot, coordinatrice du projet Partage-2. Une observation qui se recoupe avec les données internationales, puisque les hommes ont en général un plus faible recours aux soins et au dépistage."
 

43% accusaient un retard dans le calendrier vaccinal

Une étude pilote a d’abord été menée à la maternité de Montreuil, de septembre 2017 à mars 2020, afin de proposer un dépistage du VIH par Trod ou bilan sanguin, aux futurs pères présents dans la salle d’attente de la maternité. "Cette étude, menée auprès de 567 hommes, a permis de démontrer qu’au-delà du dépistage VIH, ils manifestent des besoins élargis par rapport à leur situation personnelle, notamment pour l’ouverture de leurs droits sociaux, pour la prise en charge de plaintes somatiques ou encore pour un retard vaccinal", fait savoir la coordinatrice.

Du 25 janvier 2021 au 28 avril 2022, une étude Partage, financée par l’Agence nationale de recherche du Sida et des hépatites virales (ANRS), a donc été menée pour évaluer l’acceptabilité puis la faisabilité de la mise en place de cette consultation prénatale masculine, en pratique clinique courante en vie réelle. Les enquêteurs sont entrés en contact, par téléphone ou par mail, avec tous les hommes dont les femmes enceintes avaient donné leurs coordonnées lors de leur première consultation prénatale à la maternité, afin de leur proposer l’accès à cette consultation dédiée. "Nous avons recruté 1 347 futurs pères (soit 45 % d’acceptabilité), indique Swati Kakkar-Perrot. Si 43% accusaient un retard dans le calendrier vaccinal, 38 % n’avaient jamais effectué de dépistage VIH et 16 % ont été adressés à un autre professionnel de santé." Des résultats qui ont conforté l’équipe "dans la pertinence de cette consultation en raison des larges besoins exprimés par les pères pour leur santé et leurs demandes pour une meilleure considération durant la grossesse", ajoute-t-elle.

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