380 000, c'est le nombre d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes pris en charge en France chaque année par l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Ces jeunes, souvent marqués par des traumatismes graves, portent des cicatrices qui impactent leur santé physique et mentale, leur avenir éducatif et professionnel. Mais l'absence de prise en charge adéquate et la fin de l'accompagnement à 18 ans compliquent leur insertion dans la société.  

Pour répondre à cette urgence sociale et sanitaire, Céline Greco cheffe du service de médecine de la douleur et palliative à l’hôpital Necker-Enfants malades, a créé Im’pactes, une association visant à améliorer le parcours de ces jeunes. Avec le soutien de l’AP-HP et de la Ville de Paris, elle a lancé le projet Asterya, le premier centre de santé en France dédié aux enfants battus. Un lieu unique en son genre, où les enfants victimes de maltraitance pourront recevoir des soins médicaux, psychologiques et éducatifs spécifiquement adaptés à leurs traumatismes. "Ce centre leur offrira un environnement sécurisant et bienveillant, essentiel pour se reconstruire", précise Céline Greco à nos confrères des Echos. Chaque année, environ 2 000 enfants bénéficieront de ce suivi global, notamment grâce aux quelque 34 équivalents temps plein employés.  

 

Je ne peux pas imaginer un seul instant que le financement ne soit pas bouclé pour une si grande cause

Avec un budget opérationnel de 3 millions d'euros par an, le projet prévoit un centre avec des consultations médicales et psychologiques, des espaces dédiés à la psychomotricité et à l'art-thérapie, des activités en extérieur avec de la médiation animale, ainsi qu'un café-bistrot et des cuisines pédagogiques pour favoriser la formation professionnelle des jeunes.  

À ce jour, 4,2 millions d’euros ont été récoltés grâce à des partenaires tels que la Kering Foundation, AXA, Accor, ainsi que des fondations comme Rothschild et Erié. Cependant, il reste encore une part importante à financer pour garantir le succès du projet. Mais Céline Greco reste optimiste et déterminée : "Je ne peux pas imaginer un seul instant que le financement ne soit pas bouclé pour une si grande cause", déclare-t-elle avec conviction.  

Le projet Asterya s’étend bien au-delà de l’Ile-de-France et pourrait inspirer la création de centres similaires dans chaque région, y compris dans les territoires ultramarins, afin d’offrir à tous les enfants victimes de maltraitance un accès à des soins de qualité. Actuellement, moins de 30 % des enfants pris en charge par l’ASE bénéficient d’un bilan de santé à leur admission, et moins de 10 % reçoivent un suivi adapté par la suite. De plus, 40 % des jeunes adultes sans-abri de 18 à 25 ans sont issus de la protection de l'enfance. Selon les estimations de Céline Greco, le coût économique annuel de la maltraitance en France s’élève à 38 milliards d’euros. Asterya permettrait ainsi de réduire ce coût annuel, en plus d'aider les jeunes. 

[Avec Les Echos]

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