L’affaire a été dévoilée dans les colonnes du quotidien local Le Pays d’Auge, et pourrait presque faire sourire si le problème des déserts médicaux en France n’était pas si grave. Dominique Delbos et Philippe Hieaux, deux médecins généralistes âgés de 72 ans, ainsi que Sébastien Leclerc, le maire de la ville, sont tombés des nues au moment de renouveler le contrat des deux premiers. En effet, de par la loi (article 75 de la loi du 20 avril 2016), l’âge limite des agents contractuels employés en qualité de médecin de prévention par les collectivités territoriales est de 73 ans. "Ce centre perd deux médecins, car à 72 ans, ils n’ont pas le droit de travailler pour une collectivité, déplore Sébastien Leclerc […] il y a là une situation complètement paradoxale". Face à cette situation, l’édile souhaite "des dérogations pour certains métiers" et appelle l’État à "faire confiance aux collectivités territoriales"

Philippe Hieaux, l’un des deux médecins, se déclare "déçu" et affirme qu’il aurait encore volontiers travaillé trois ans de plus, lui qui, auparavant, avait exercé en libéral pendant 40 ans. "C’était un gros travail d’investissement pour reprendre tous les dossiers. Ça aura été une belle expérience durant deux ans", en précisant qu’il a fortement apprécié être déchargé de l’administratif et des questions financières. "J’explique la situation à mes patients et ils ne comprennent pas, ils sont estomaqués." Il compte désormais continuer son activité dans la région, mais cette fois-ci dans un centre libéral.

Pour l’heure, le CDS compte environ 7 000 patients, 2 000 personnes sont encore en attente, et face aux départs des deux médecins, la mairie a annoncé du recrutement. Un médecin arrivera en septembre et fera 30 heures, et une jeune femme encore interne, qui termine son cursus en fin d’année, serait intéressée pour venir. En attendant, "des médecins acceptent de travailler un peu plus cet été", précise le maire, qui tient à rassurer les patients du centre de santé : "Nous leur trouvons une solution. En cas d’urgence, il y aura une consultation."

"On cherche à développer le travail des médecins retraités parce qu’il y en a beaucoup qui sont encore en mesure de faire et qui veulent continuer à exercer. Je pense qu’il faut continuer à réfléchir sur les pistes pour leur faciliter les choses. Quand on est médecin libéral, on peut travailler jusqu’à n’importe quel âge. Quand on est médecin salarié, il y a encore des blocages. Évidemment, ce type d’exemple nous amène à réfléchir et à continuer d’essayer de travailler pour dépasser ces obstacles-là", a réagi Thomas Deroche, directeur général de l’ARS Normandie.

 

[Avec Le pays d'Auge]

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