880 millions. C'est le nombre d'adultes qui seraient en situation d'obésité à travers le monde. En ce lundi 4 mars, Journée mondiale de la lutte contre l'obésité, il est important de s'arrêter sur les derniers chiffres de cette maladie chronique en nette augmentation dans le monde. Selon l’OMS, depuis 1975, le nombre de cas d’obésité a presque triplé à l’échelle planétaire. Et depuis 1997, les chiffres sont en constante augmentation dans l'Hexagone, comme le révèle l'étude Obepi-Roche, publiée en février 2023 dans la revue Journal of Clinical Medicine. Cette enquête, qui s'appuie sur des chiffres collectés par l’institut de sondage Odoxa, révèle que 47,3 % des adultes français seraient en situation d'obésité ou de surpoids. Si le pourcentage de personnes en surpoids demeure relativement stable (il a toujours fluctué aux alentours des 30%), celui de l'obésité lui, ne cesse d’augmenter. En effet, en 1997, la prévalence était de 8,5%, alors qu'en 2020, elle était de 17%, soit le double en l'espace de vingt-trois ans. L’augmentation est encore plus marquée dans les groupes d’âge les plus jeunes et pour l’obésité morbide, dont la prévalence a été multipliée par près de sept sur la même période. 

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Face à cette augmentation, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis à jour, le 28 février dernier, son guide et ses recommandations concernant la prise en charge de l'obésité, véritable "maladie chronique, complexe et multifactorielle", comme l'a rappelé son président, Lionel Collet. Si le guide réaffirme l’importance d’un dépistage précoce couplé à une évaluation des habitudes de vie, il détaille également le rôle des professionnels (santé, médicosocial, activité physique adaptée, santé au travail…) et revient sur les situations dans lesquelles le médecin traitant peut les solliciter.  

Huit fiches décrivent le rôle de chaque professionnel dans le parcours : comment intervenir et à quel moment. "Seule une évaluation multidimensionnelle et souvent pluriprofessionnelle permet de comprendre la situation et de personnaliser les soins et l’accompagnement, d’améliorer la qualité de vie", précise le document, qui rappelle que le "traitement du surpoids et de l’obésité ne se résume pas à l’atteinte d’un objectif pondéral".  

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La HAS rappelle qu'il est nécessaire de mettre en place un parcours de soins qui vise à promouvoir la santé grâce à des modifications des habitudes de vie, mais aussi le traitement du retentissement sur la santé, l’amélioration de la qualité de vie, et l’accompagnement de la souffrance des personnes. "La continuité du parcours de soins est assurée par un suivi de la santé globale, régulier et prolongé, des stratégies de maintien des habitudes de vie et de l’objectif pondéral dans la durée, le soutien des patients-ressources et des associations d’usagers tout au long du parcours de soins contribuant à éviter les ruptures."  

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Problème : en France, certaines consultations jugées utiles dans ce parcours de soins ne sont pas forcément remboursées (diététiciens, APA, psy…), ce qui peut amener à des ruptures de parcours de soins. Ainsi, 50% des patients ayant subi une chirurgie bariatrique ne sont pas régulièrement et correctement suivis, ce qui peut mener à une récidive d’un diabète de type 2, une remontée progressive de la pression artérielle et du taux de LDL-cholestérol, l'apparition ou résurgence de troubles psychiatriques, reprise de poids… 

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La HAS suggère aussi de mobiliser tout au long du parcours, l’expérience des patients-ressources. "Ils peuvent partager leur vécu, soutenir la personne, notamment pour préparer ses consultations, l’accompagner dans sa réflexion si elle ne se sent pas prête à s’engager dans le projet de soins ou si elle exprime un éventuel souhait de revenir sur ses objectifs, un besoin de répit ou de soutien complémentaire." Elle estime qu'il est impératif, à chaque fois que cela est possible, de concevoir, la coanimation avec un soignant, de "séances d’éducation thérapeutique" enrichies par les retours et le partage de l’expérience des personnes concernées par une situation de surpoids ou d’obésité ou l’ayant été. "La démarche du patient traceur pourrait être particulièrement pertinente pour l’analyse et l’amélioration des parcours des personnes en situation d’obésité complexe." 

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