« La situation crée une surcharge »

La particularité de la maison de santé de Frontignan ? « Le choix, à sa création en 2016, de fonctionner en multisites, car nos professionnels avaient leur cabinet ou évoluaient déjà en regroupement, explique Charlotte Lacan, sa coordinatrice. On a donc décidé de mettre à profit les avantages d’un fonctionnement en MSP tout en gardant la spécificité de chaque exercice. » Une organisation qui, en période d’épidémie, repose sur la communication et la coordination des 96 soignants qui composent la structure. Soit plus de trois quarts des 120 professionnels de premier recours que compte la commune de Frontignan, située entre Montpellier et Sète.

Le 2 mars dernier, alors que la France observe la progression de l’épidémie hors de ses frontières, la MSP décide de regrouper ses professionnels – 70 sont présents – pour parler de « la problématique Covid-19 » : « Un premier échange pour expliquer ce qu’est le Covid-19, les modes de transmission, la situation à l’international et en France… Et répondre aux questions, notamment sur la disponibilité du matériel de protection. »

La mairie, conviée à cette réunion, débloque rapidement une partie de son stock de masques FFP2 – issu des mesures contre la grippe aviaire – qui, après avis de l’ARS Occitanie, sont distribués aux professionnels pour « avoir un petit stock stratégique en cas d’urgence », poursuit la coordinatrice.

Des tournées et des plages dédiées

Tous les lundis, des réunions sont organisées par visioconférence ou dans de grandes salles permettant le respect des mesures de sécurité, afin d’avancer sur le processus décisionnaire et organisationnel, « qui évolue en fonction de l’avancée de la crise. Par exemple, on n’avait pas anticipé le besoin en surblouses, surchaussures, lunettes de protection… La MSP a un pouvoir en termes de communication, relayée par la ville et auprès des entreprises, ce qui permet de récupérer petit à petit du matériel de protection pour nos soignants ».

Sur le territoire, des tournées médecins-infirmières, mises en place pour le suivi des patients Covid à domicile, alertent le médecin référent de garde de toute dégradation de l’état de santé, qui peut activer une consultation en visioconférence ou sur place. Les médecins ont aussi créé des plages de consultation dédiées. « Tous les sans-rendez-vous sont passés sur rendez-vous, et des plages sont réservées en présentiel pour les patients suspects, en fin de matinée ou de journée, ou par demi-journées, avec une salle d’attente et un bureau réservés. On envisage aussi la création d’un centre Covid », développe Charlotte Lacan, qui insiste sur l’importance de la coordination : « Nous avons créé un tableau commun des pharmacies pour surveiller les délivrances et les stocks. C’est ce qui nous a permis de pouvoir tenir entre deux livraisons. »

Toutefois, précise Charlotte Lacan, cette situation soulève plusieurs questions : « La gestion des cas suspects ou avérés tient une place importante dans notre quotidien, mais on oublie parfois les répercussions collatérales. Comment gérer les retours d’hospitalisation post-accouchement et les suivis habituellement assurés par l’hôpital ? Quel suivi pour les patients en retour d’intervention orthopédique ? La situation crée une surcharge d’activité pour laquelle il va falloir s’organiser assez rapidement. »