Article publié dans Concours pluripro, décembre 2021

Le 17 mars 2020, un confinement national est instauré. Les cabinets médicaux restent ouverts sous condition. Pour les chirurgiens-dentistes, la situation est particulière : leurs actes générent des aérosols potentiellement contaminants, et les masques FFP2 manquant, le Conseil de l’Ordre demande la fermeture des cabinets. "Une régulation des gardes a été très rapidement mise en place dans tous les départements pour gérer les urgences dentaires, c’est-à-dire uniquement les infections aiguës, les douleurs sévères, les hémorragies sévères et les traumatismes de la sphère oro-faciale, en tout cas les douleurs supérieures ou égales à 7 sur l’échelle visuelle analogique", rappelle le Dr Marie Biserte, vice-présidente de l’Union régionale des professionnels de santé libéraux (URPS) chirurgiens-dentistes des Hauts-de-France. Que faire alors en cas de couronne descellée, de gencive sanguinolente ou de "trou dans la dent" ? Direction le généraliste… qui souvent ne savait pas répondre à ce type de sollicitations. L’URPS chirurgiens-dentistes des Hautsde- France a eu l’idée de partager un fascicule pratique de trois pages vulgarisant les principaux symptômes de la bouche et permettant aux médecins et aux pharmaciens d’apporter une solution temporaire à leurs patients.

Dr Marie Biserte
Dr Marie Biserte, vice-
présidente de l’URPS
chirurgiens-dentistes
des Hauts-de-France.

Si la fiche "Temporisation des urgences bucco-dentaires" a pu être mise au point aussi rapidement, c’est grâce à la relation inter-URPS développée de longue date. "Cela fait six ans que les chargés de mission des URPS pharmaciens, infirmiers, médecins généralistes et chirurgiens-dentistes des Hautsde-France travaillent ensemble au quotidien, précise Marie Biserte. Nous développons ainsi de nombreux projets interprofessionnels dans la région." Pendant le confinement, ces contacts se poursuivent. Les représentants des URPS se réunissent chaque semaine avec les responsables de l’agence régionale de santé (ARS). "C’est à l’occasion de cette réunion que les généralistes nous ont fait comprendre qu’on leur manquait ! Cela a bien montré le rôle des URPS – elles permettent de faire remonter les problématiques de terrain entre nous et auprès des institutionnels", observe la vice-présidente.

 

Un exercice coordonné autour de la santé bucco-dentaire

Le Dr Biserte a la particularité d’avoir suivi un double cursus : en parallèle de ses études en odontologie, elle a passé un master en sciences de l’éducation en centrant son mémoire sur la formation continue des professionnels de santé par le biais de l’interprofessionnalité. Elle n’a donc aucun mal à mettre au point – à l’aide d’un groupe de relecteurs – un outil pédagogique à destination de ses confrères et à transmettre des bases en odontologie. Dans le fascicule "Temporisation des problèmes buccodentaires - Covid19", les généralistes apprenaient, figures à l’appui, à colmater une carie avec de la cire ou à drainer un abcès. Le document a été diffusé largement au travers des dix URPS des Hauts-de-France.

"L’ennemi de la dent est la procrastination. Les patients consultent quand c’est trop tard et qu’ils ont trop mal, pointe Marie Biserte. Une carie ne tourne pas en pulpite en deux mois. Or les appels pour ce genre de problèmes ont été constants pendant le confinement. Je suis persuadée que les Français ont ressenti plus de douleurs dentaires parce qu’ils avaient plus de temps pour y prêter attention... Et savoir que les cabinets dentaires étaient fermés a amplifié les ressentis ! L’objectif était donc surtout de temporiser pour éviter que les patients douloureux surconsomment du paracétamol, ce qui peut engendrer de graves problèmes hépatiques."

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