Aux grands maux les grands remèdes ! Voilà un adage que le CHU de Nevers a pris au pied de la lettre. Depuis janvier 2023, un vol hebdomadaire relie Dijon à Nevers, un temps de vol de 45 mins, pour une distance initialement parcourue en 2h45. Objectif : lutter contre la désertification médicale qui frappe la Nièvre. Les "flying doctors", souvent des médecins spécialistes, s'envolent deux jeudis sur trois pour exercer au centre hospitalier de Nevers, le temps d'une journée.
Une structure en grande difficulté, confie Rémi Rochelet, médecin généraliste, à nos confrères de ici Bourgogne. Sur place, il n'y a "quasiment plus de médecins généralistes au niveau de l'hôpital", qui fait appel "à beaucoup de médecins intérimaires". L'"hôpital qui n'a pas suffisamment de lits pour recevoir tous les patients, qui affluent aux urgences du fait de la faible offre de ville", engendre "des embouteillages massifs au sein des urgences", et qui créent "des tensions entre les patients et les secrétaires et, où les soignants se retrouvent face à une population excédée."
Bien que chère, 5 700 euros par vol aller-retour, et pointé du doigt pour l'empreinte carbone engendrée, la solution a fait ses preuves, "pour 2024, on estime 438. 852 euros de recettes", souligne Denis Thuriot, maire de Nevers, toujours à nos confrères. Cette initiative, largement relayées par la presse locale, a aussi conduit à une prise de conscience de la situation sanitaire en Bourgogne, où 79% de la population vit dans une zone éligible à des aides au maintien ou à l’installation de médecins. Conséquence directe de la mise en place des "flying doctors", une antenne de SOS Médecins a été ouverte à Nevers.
Toutefois, une rotation par semaine le jeudi ne semble pas suffire à résoudre la situation de façon pérenne, affirme l'édile qui songe à étaler le dispositif à la médecine de ville. "On a eu parfois des kinés ou d'autres médecins qui voulaient venir de Dijon mais qui étaient du secteur privé. Je ne peux pas les faire voyager dans un avion financé par des finances publiques. Demain ça changerait. Le coût de l'avion ne serait plus uniquement pris en charge par l'hôpital."
[Avec ici Bourgogne et France 3 Région]