La volonté clairement affichée du gouvernement de transformer le système de santé semble être sur la bonne voie. Édouard Philippe annonçait déjà en février 2018 une réforme "globale", mise en musique par Agnès Buzyn le 13 février dernier (un an jour pour jour), qui, lors de la présentation du projet de loi santé en Conseil des ministres, en a précisé les mesures prioritaires : suppression du numerus clausus d’ici 2020, révision de la carte hospitalière (via la labellisation "hôpitaux de proximité"), coordination des libéraux notamment à travers les CPTS, révision des modes d’exercice… La pratique libérale est donc amenée à se réinventer, l’offre de soins de proximité à se consolider, et l’exercice coordonné à se généraliser… Sans être "obligatoire", "cette capacité à se regrouper" doit devenir "la norme" a récemment déclaré le Premier ministre lors de sa visite d’une MSP à Avoine (Indre-et-Loire).



Karen Ramsay, rédactrice en chef.


Mais au-delà du "simple" regroupement de professionnels et la création d’une maison de santé se pose la question de la gestion de ces structures pluriprofessionnelles conçues entre soignants, personnalisées selon les besoins d’un territoire, et souvent dépourvues de vraie réflexion sur leur management. Qu’est-ce qui fait un leader ? Qui est-il ? Comment se sent-il ? Comment se positionne-t-il face à son équipe ou au coordinateur ? Pourquoi faire évoluer la vision individuelle du leader à une conception plus collective du leadership ? Autant de questions posées et débattues tout au long de notre dossier, – réalisé avec la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) –, qui porte la voix de ces leaders souvent "nés" sans réelle formation ou fiche de poste dédié. Ce sont majoritairement des hommes (mais des figures féminines émergent), souvent médecins (bien que des paramédicaux s’affirment de plus en plus) et demandeurs, pour la plupart, d’outils pour bien manager.

Naît-on leader ou le devient-on ? La question divise. Qu’il soit tombé dedans quand il était tout petit ou qu’il obtienne ses forces à la suite d’une formation, il n’en demeure pas moins que le leader doit apprendre à manager une équipe et à se positionner comme moteur : "Un vrai leader n’a pas besoin de conduire. Il suffit qu’il montre le chemin", disait Henry Miller, romancier américain. Car c’est là le secret d’un leadership éclairé : inciter sans imposer, encourager sans contraindre, amener sans diriger… tout en gommant les hiérarchies professionnelles, en tirant profit des appétences et compétences de chaque professionnel, et en assurant collectivement la bonne marche de la structure. Une façon aussi de porter la voix des non-médecins et de garantir la pluriprofessionnalité d’une équipe. Une politique gagnant-gagnant !

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