Face au constat "alarmant" sur l’état des comptes publics et les retombées qui pourraient peser sur l’avenir de l’Assurance maladie, leur constat est sans appel : "On ne résoudra pas une crise systémique sans écouter les experts du quotidien que sont les soignants", assure Les Libéraux de santé dans un communiqué de presse publié ce mardi. L'intersyndicale, qui regroupe les 10 principaux syndicats représentatifs de professionnels de santé libéraux*, appelle ainsi, en écho aux travaux des trois Hauts conseils saisis par le Premier ministre le 5 mars dernier, à "une stratégie de redressement progressive, transparente et cohérente" qui repose "sur la responsabilité de tous les acteurs" afin de parvenir à l’équilibre des comptes de l’Assurance maladie. 

Gradation des recours, soins de proximité, coordination, intégration de l'intelligence artificielle, prévention… Des réformes qui ne seront possibles qu'en donnant de la "visibilité" aux acteurs, assure Les Libéraux de santé : "Rien de tout cela ne sera possible sans une stratégie nationale de santé pluriannuelle fixant les priorités, le pilotage, les moyens et les résultats attendus." À leurs yeux, une loi de programmation pluriannuelle en santé s’impose donc. 


Mais sans tomber dans l’austérité, préviennent-ils. Car "dans un contexte marqué par le vieillissement de la population – dont l’impact sur les dépenses sera durable – le rationnement des soins serait une erreur sociale, sanitaire et humaine". Comment faire ? Il faut "dépenser mieux pour prévenir plus et soigner mieux" en fonction des besoins, insistent-ils. Comme le déficit de l’Assurance maladie "représente 10% de son budget", "accordons-nous sur la moitié d’effort de rationalisation et l’autre moitié de ressources supplémentaires pour les nouveaux besoins". 

"Soigner mieux, au juste prix"

Ce qui implique un changement de paradigme, assurent-ils : "Plutôt que réduire les volumes, tailler les tarifs à la hache, il faut accroître la qualité, la pertinence… et investir dans la prévention. Revenir aux fondements de la médecine fondée sur les preuves, recentrer les financements sur ce qui est démontré scientifiquement et utile médicalement." Il faut sortir du panier des soins remboursables les soins à faible ou sans bénéfice, et les ressources dégagées doivent être redéployées vers des prises en charge "réellement utiles et des actions de prévention ciblées". Parce que "l’efficience, ce n’est pas rogner les soins : c’est soigner mieux, au juste prix" 

Pour Les Libéraux de santé, il faut "des objectifs clairs, des évaluations rigoureuses, et une mobilisation de tous". Mais aussi, un nouveau dispositif unifié de pilotage ville-hôpital. Et un axe renforcé sur la prévention qui est "un acte de santé publique et un devoir de transmission" en ceci qu'elle "prépare un avenir où la santé ne sera plus un combat permanent, mais un héritage pour les générations suivantes". Mais cela, condition de s’en donner les moyens avec des incitations concrètes, une logique de responsabilisation, et un pilotage précis des résultats". 

Se disant "prêts" à prendre leur part dans cette mutation, les professionnels libéraux sont également conscients que pour sauver la Sécu, "il faut de l’équité, de la responsabilité, de l’ambition… et du bon sens". 

NOTE 
* les CDF, la CSMF, la FFMKR, la FNI, la FNO, la FNP, la FSPF, le SDA, le SDBIO et le SNAO 
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