Article publié dans Concours pluripro, décembre 2022
Sur le quai Menachem-Taffel, le portillon est discret, situé à quelques dizaines de mètres de l’entrée du Nouvel Hôpital civil, l’un des deux sites principaux des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Au bout d’un petit chemin, l’ancien pavillon de chirurgie thoracique accueille la salle de consommation à moindre risque (SCMR), ainsi que 20 places d’hébergement pour usagers de drogues : ce sont les deux volets du projet Argos, porté par l’association Ithaque.
Implantée à proximité de l’hôpital, mais à distance des habitations du quartier, la SCMR de Strasbourg ne connaît pas les remous, voire les oppositions, que son homologue parisienne a pu susciter. "La question sécuritaire est quasiment inexistante ici, relève Gauthier Waeckerlé, directeur d’Ithaque. Avant l’ouverture, c’est un sujet que nous avions beaucoup travaillé avec la ville, l’État, les services de police et de justice… et même si les réunions de pilotage se poursuivent, il n’y a jamais eu de souci."
En moyenne, une cinquantaine de personnes fréquentent chaque jour la salle de consommation ouverte en 2016, qui dispose de huit postes d’injection et de quatre postes d’inhalation. "Nous avons accueilli environ 1 600 personnes en six ans. Certaines reviennent régulièrement, d’autres ne font qu’un seul passage", précise Nicolas Ducournau, chef de service de la SCMR. Ouverte tous les après-midi, la salle de consommation occupe le rez-de-chaussée du bâtiment et combine un espace dédié à la consommation, une salle de soin et une salle de repos. Le couloir donne également sur un espace convivial, avec une grande table, des fauteuils, un coin café, des jeux de société, etc. "Il arrive que des personnes viennent passer quelques heures ici, sans forcément consommer", remarque Gauthier Waeckerlé. Une preuve supplémentaire du fonctionnement fluide de ce dispositif et du lien de confiance instauré avec les usagers.