"La consommation de substances psychoactives est responsable en France de plus de 100 000 décès évitables par accidents et par maladies, dont près de 40 000 par cancers, ce qui représente un coût social majeur", rappelle la Dr Brigitte Mourougane. Dans la plupart des cas, la prise en charge des patients atteints d’addictions repose sur : les généralistes, le secteur hospitalier et le secteur médicosocial (CSAPA, CAARUD). "Pour les médecins généralistes, ce sont des patients chronophages et difficile à gérer", précise celle qui est installée à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). C’est pourquoi elle travaille avec l’association Proses, qui développe les microstructures sur le département. "Les microstructures, composées d’une équipe de soins pluriprofessionnelle – un ou plusieurs médecins généralistes, un psychologue et un travailleur social –, et intégrées soit à des cabinets de médecine générale, soit à des MSP, ont été mises en place dès 1999 pour permettre le suivi en ville individualisé et coordonné de personnes en difficultés sociales et/ou usagères de produits légaux (tabac, alcool, médicaments...) et illégaux (cannabis, cocaïne…)", explique la praticienne. ces microstructures sont au nombre de 104, réparties sur dans sept régions pour le moment, mais restent peu connues des professionnels de santé.

Dans le cadre d'une enquête qualitative, Brigitte Mourougane a interrogé 14 médecins généralistes qui expérimentent ce dispositif. "J’ai voulu recueillir leur vécu et les effets de la prise en charge par la microstructure sur leur pratique", détaille-t-elle. 3 des praticiens interrogés exercent en libéral, les 11 autres sont salariés.

 

Avantages et limites

Les résultats sont clairs, la microstructure est "une aide et un soutien à la pratique". Les médecins ont ainsi mis en avant :

• L’accessibilité favorisée pour les patients atteints d’addiction : proximité géographique du lieu de soin, gratuité, déstigmatisation…

• La coordination interprofessionnelle facilité, grâce à des réunions de synthèses couplées une communication informelle régulière

• Une amélioration des conditions de travail, avec un soutien psychologique et un partage des tâches

• L’ouverture à d’autres champs d’action et un transfert de compétences favorisé.

La microstructure n’a néanmoins pas que des atouts. Les praticiens ont pointé le temps d’adaptation nécessaire pour mettre en place cette nouvelle organisation, les critères d’inclusion restreints ou encore les contraintes institutionnelles, notamment liées au fait qu’il s’agit d’un dispositif expérimental dont la pérennité n’est pas garantie. Ils ont également cité des difficultés qui persistent malgré la prise en charge pluripro : la barrière linguistique avec de nombreux patients, les rendez-vous non honorés et les demandes très importantes face à l’offre encore restreinte

"En conclusion, l’étude qualitative montre une satisfaction globale avec une expérience de travail appréciée pour la plupart des médecins interrogés et un dispositif qui remplir ses objectifs pour la part 'addictologie'", pointe Brigitte Mourougane. Elle conclut : "Reste une frustration persistante devant l’insuffisance et la limitation du dispositif démarquant le manque de ressources psychosociales nécessaires à la pratique quotidienne des médecins généralistes".

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