Jusqu’à récemment, l’écoresponsabilité n’était pas une préoccupation prioritaire des systèmes de soins. Mais les choses changent… et vite. En voilà deux illustrations pratiques dans des pays où les systèmes de soins ont entrepris de profondes réformes.

D’abord l’Australie, pays-continent, aux antipodes de la France. La réforme y est engagée depuis le début des années 2000, avec comme priorités fortes une responsabilisation/participation des patients et une primauté de la prévention* et des soins primaires reposant sur une pluriprofessionnalité. L’Australian Medical Association (AMA), très engagée dans cette réforme, a publié en mars 2019 une sorte de profession de foi, où elle marque son intérêt pour les questions environnementales. Ainsi, une étroite dépendance est soulignée d’emblée entre, d’une part, la réduction des émissions de carbone, la limitation du gâchis (de fournitures et matériels) et une meilleure utilisation des ressources naturelles et, d’autre part, de meilleures perspectives pour les patients ou des bénéfices sociaux plus largement partagés.

La publication de l’AMA se poursuit par une notice explicative en six points, tout à fait pragmatiques. En particulier le point 3, qui précise les dégradations environnementales liées au système de soins australien, et le point 6, qui identifie des "chantiers" d’amélioration possible. Ainsi, selon des données de 2015, le secteur santé produit, à lui seul, 7 % de la totalité des émissions carbone de l’Australie (qui reste le premier pays exportateur mondial de charbon). Sur ces 7 %, près de la moitié sont le fait du système hospitalier, alors que la médecine du secteur ambulatoire y contribue pour un dixième environ.

 

Une organisation coordonnée pour éviter répétition et rupture

Parmi les chantiers d’amélioration, l’AMA privilégie une pertinence accrue dans l’utilisation des produits et matériels médicaux (d’autant qu’ils sont importés) et, en corollaire, une meilleure gestion des déchets médicaux (en moyenne près de 3,5 kg par patient hospitalisé dans l’État de Victoria). Surtout, l’AMA encourage les médecins à adopter une organisation des soins fondée sur la plus grande coordination entre les acteurs, de manière à fluidifier le parcours des patients et éviter toutes les répétitions, ruptures et reprises, très consommatrices d’énergie, quelle qu’en soit la forme. De même, toutes les modalités de télésanté doivent être mobilisées de manière croissante. Finalement, c’est dans la conception architecturale et l’aménagement des locaux que les adaptations les plus économes d’énergie peuvent être obtenues : cela concerne l’éclairage, le chauffage, la climatisation mais aussi l’alimentation de tous les appareillages professionnels, le fonctionnement de la restauration et le maintien de la propreté et de l’hygiène.

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