Le Tour de France des CPTS trace sa route dans les territoires. Et Marie-Hélène Certain, médecin généraliste aux Mureaux (Ile-de-France), et Albert Lautman, directeur général de la CPAM de l’Essonne, l’assurent : "Tous les professionnels que nous avons rencontrés sont contents. C’était l’une des questions que l’on se posait… mais on n’a pas vu une seule équipe découragée !" Lors d’un entretien avec le bureau de la CPTS Paris 19 le 25 mai, les deux professionnels missionnés* par Agnès Firmin Le Bodo pour "identifier les facteurs clés de leur succès, là où [les CPTS] fonctionnent bien, et de faire des propositions d’évolution pour accélérer leur généralisation", ont fait un rapide point d’étape de cette initiative nationale.

D’ici le 15 juin, date de fin de mission, 19 CPTS auront été auditionnées sur l’ensemble du territoire – une CPTS par région (et deux en Ile-de-France) –, y compris les départements d’Outre-mer. Des CPTS choisies en fonction de leur date d’ancienneté, de leur emplacement (zone urbaine ou rurale ou quartier prioritaire de la ville) ou encore de leur taille. Un "questionnaire d’interrogation" a également été envoyé, par le biais des ARS, à toutes les CPTS, les interrogeant sur la manière dont elles se sont constituées, les difficultés rencontrées, ou encore la composition de la CPTS et de son bureau, explique Albert Lautman. À terme, près de 200 CPTS auront livré ces données quantitatives.
 

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"On commence à avoir des remontées et il y a des choses qui reviennent souvent", précise Marie-Hélène Certain. Notamment "le besoin de donner le temps au temps" : "La CPTS est quelque chose de nouveau et ça ne se fait pas en claquant des doigts. Donc si on dit qu’on veut des résultats avant même d’avoir commencé, on est sûr de se planter ! Il faut donc, à la fois, avancer pour montrer ce qu’on fait mais aussi ne pas se précipiter. Il faut laisser le temps aux CPTS de s’organiser et de grandir si on veut qu’elles soient fonctionnelles."

S’il est "encore trop tôt" pour partager leurs préconisations, Albert Lautman assure qu’il y a une vraie attente pour "équilibrer les missions socles nationales et des projets qui viennent du terrain" : "Il y a beaucoup d’attente de la part des professionnels pour plus d’autonomie et de marche de manœuvre pour avoir leurs propres projets. Et ça, en termes de motivation, d’implication et de possibilité de fédérer des professionnels, c’est très fort. Car l'une des questions qu’on a aujourd’hui, c’est comment aller chercher les professionnels qui restent un peu en observation. Et là où les CPTS ont réussi à attirer, c’est quand il y a des projets qui ont du sens et qui sont portés par des acteurs locaux." Ce que confirme Marie-Hélène Certain : "Il faut que la CPTS leur apporte quelque chose de pratique dans le suivi des patients, par rapport à l’hôpital, dans leur exercice au quotidien..."

Ainsi, rapportent-ils, beaucoup de professionnels ont vu dans la CPTS une possibilité de rencontrer l’autre, d’être moins isolé dans son quotidien, "parce que l’isolement, ça démotive, ça fait qu’on s’épuise, qu’on frôle parfois le burn out", ajoute la médecin. La CPTS, comme "lieu de rencontre, lieu d’échange, lieu de découverte du métier de l’autre, lieu qui alimente cette envie de travailler ensemble", c’est un "élément fort pour fixer des professionnels sur un territoire", assure-t-elle. Parce que ça "redonne du sens à son engagement de soignant", ça redonne "de l’énergie" et ça permet d’éviter les déplaquages.
 

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Certes, "il y a des gens qui sont contre toute forme d’organisation. Ceux-là, on ne va pas les convaincre, estime Albert Lautman. Mais d’autres attendent de voir. Et ils le disent : 'si c’est un truc pour faire des réunions, ça ne nous intéresse pas'. Ils veulent des choses concrètes. Donc si on leur montre que la CPTS a un vrai intérêt pour la prise en charge du patient ou pour l’exercice au quotidien, on parvient à les convaincre. Le succès vient au succès : quand il y a une action qui marche, les autres à côté ont envie d’en être". D’autant qu’"une fois rentré dans l’aventure CPTS, peu en repartent", affirme Agnès Firmin Le Bodo, également présente à la CPTS Paris 19 ce 25 mai, et qui a visité, pour sa part, une vingtaine de CPTS depuis sa prise de fonction.

Essentielles au quotidien, les fonctions support doivent être professionnalisées, insiste Marie-Hélène Certain : "Il faut un bon équilibre entre la gouvernance et l’équipe de coordination et technique qui donne du support aux actions des professionnels de santé. Cette gestion de l’outil CPTS doit être professionnalisée par une équipe avec la montée en compétences qui va avec…"

"Impressionné" par la "qualité de l’engagement" de ces équipes, Albert Lautman assure qu’il y a là "une vraie dynamique", gommée pendant la crise sanitaire mais qui s’est révélée comme un vrai moteur pour la coordination et la continuité des soins pendant cette épidémie. Depuis, les professionnels ont "continué à bruit bas" et aujourd’hui, "on commence à voir des projets émerger sur le territoire". Le directeur général de la CPAM de l’Essonne l’affirme : "Cette structuration du premier recours du soin primaire est une étape centrale dans la transformation du système de santé."

NOTE
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Hugo Gilardi, directeur général de l’ARS Hauts-de-France, fait également partie de cette mission.

 

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