Le bout du monde n’est pas au Groenland ni en Australie. Il est à Crozon, dans le Finistère, où est née récemment une CPTS pas comme les autres. Créée en 2022, la CPTS du Bout du monde est la sixième organisation territoriale du département et couvre un territoire de dix communes regroupant plus de 18 000 habitants et plus de 150 professionnels de santé. Sa particularité : elle se situe sur une presqu’île. À environ une heure et quart de Brest, Camaret-sur-Mer, au bout de la presqu’île, est l’une des communes françaises les plus éloignées d’un centre hospitalier. Les professionnels de santé ont donc dû s’adapter: "Nos médecins sont habitués à faire des soins particuliers, comme les sutures par exemple. Ce sont des soins qui ne sont pas toujours faits quand il y a un accès rapide à un hôpital", indique Gwenaëlle Quelven, kinésithérapeute et présidente de la CPTS. Autre conséquence de cet isolement géographique : l’exercice coordonné y était déjà la norme, avant même la création de la CPTS. Sa présidente se souvient de ses premiers pas sur ce territoire. "Je venais d’une grande ville d’un autre département et je n’étais pas habituée à un travail aussi conjoint entre les différentes professions. À mon arrivée, j’ai directement été accueillie. Des médecins m’ont appelée, puis j’ai connu les infirmières à domicile. Il y avait un travail en exercice coordonné qui était déjà là." 

Mais si la CPTS du Bout du monde a opté pour ce nom, ce n’est pas simplement pour sa position géographique. Car ses professionnels de santé sont déterminés à ne pas faire les choses à moitié et à aller "jusqu’au bout". "Il y a un grand enthousiasme, une grande motivation à travailler ensemble", rapporte la présidente de la CPTS, qui ajoute que cette réussite s’explique en partie par le fait "qu’on ne force pas les professionnels à travailler ensemble, ils travaillaient déjà ensemble à l’origine". Gwenaëlle Quelven note par ailleurs, avec joie, que "100 % des médecins du territoire ont adhéré à la CPTS". "Un enthousiasme rare !", lance-t-elle.
 

"Un rappel à la mer simple et efficace"

La fluidité dans la coordination est prônée jusque dans le logo de la CPTS, imaginé par sa présidente elle-même. "On est une CPTS de taille 1, on a donc un budget plus limité, précise-t-elle. On voulait un rappel à la mer simple et efficace, mais également quelque chose de fluide pour montrer que la coordination se passe bien, qu’on est efficace et qu’on va droit au but pour ne pas faire perdre de temps au soignant." Pour Gwenaëlle Quelven, cette « efficacité » passe notamment par l’acquisition d’un « langage commun ».

En ce sens, la CPTS a récemment travaillé sur l’élaboration d’un parcours de détection des troubles du neurodéveloppement (TND). "Le but, c’est de désenclaver les professions pour les détecter le plus vite possible et améliorer la qualité de soin de tous." L’autre grand projet de cette CPTS toute récente – l’ACI a été signé en juin 2023, et les actions ont démarré en septembre de la même année –, c’est la mise en place d’un programme d’éducation thérapeutique du patient au diabète, "un exemple parfait d’exercice coordonné : des diététiciens, des infirmières, des médecins et le dispositif d’appui à la coordination. Tout le monde travaillera autour du patient."
 

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