Accès aux soins
Cet outil vient en aide aux professionnels de santé dont les patients n’ont pas de médecin traitant. Une particularité qui se justifie par un environnement très défavorisé où la population rencontre souvent des difficultés à entrer dans un parcours de soins.
La CPTS Marseille 2 et 3 couvre un territoire où les besoins de santé sont énormes. Car le "3e arrondissement est le quartier le plus pauvre d’Europe, suivi en deuxième position du 2e arrondissement", explique Laurence Maestraggi, co-directrice de cette CPTS qui regroupe une centaine de professionnels. Ici, la proportion de patients qui souffrent de diabète est beaucoup plus importante qu’ailleurs. En cause, des facteurs génétiques et surtout une mauvaise alimentation. La population est également davantage touchée par des maladies respiratoires du fait de la pollution de l’air (nombreux axes routiers, forte consommation de tabac et logements insalubres). De plus, beaucoup de patients n’ont pas de médecin traitant et les chiffres en matière de prévention ne sont pas bons. "Les femmes ne font pas de frottis ni de mammographie, les hommes pas de dépistage du cancer colorectal et il y a beaucoup de retard sur la vaccination…", déplore Laurence Maestraggi.
C’est dans ce contexte bien particulier qu’émerge, à l’automne 2022, l’idée de créer MT’Help, dans le cadre de la mission socle de recherche de médecins traitants pour les patients qui incombe aux CPTS. Mais la particularité, à la CPTS Marseille 2 et 3, est que la campagne s’adresse aux professionnels de santé du territoire cherchant un médecin traitant pour leurs patients, et non pas directement aux patients.
Pourquoi ? Tout d’abord, peu de médecin traitant ont encore de la place alors que les besoins de santé sont colossaux.
Ensuite, parce qu'avoir un médecin traitant n’est pas "dans la culture" de certaines personnes étrangères ou d’origine étrangère. En effet, de nombreux patients ont l’habitude d’aller voir un médecin "uniquement quand ils en ont besoin", alors qu’il "leur faut d’un médecin traitant pour organiser un parcours de soins", explique Naouel Helloub, co-directrice de la CPTS. La population peut aussi être confrontée à "la barrière de la langue" et "une difficulté à se servir des outils numériques". "C’est pour cela que nous avons misé sur les professionnels de santé plutôt que sur les patients", complète Laurence Maestraggi.
Des affiches présentant le dispositif MT’Help sont ainsi placardées dans les centres de santé et les pharmacies des 2e et 3e arrondissements de Marseille. Elles invitent les professionnels à contacter la CPTS : "Votre patient n’a pas de médecin traitant ? Contactez-nous". Le patient qui voit cette affiche peut également se rapprocher du professionnelde santé du lieu où il se trouve. "C’est par exemple son infirmière ou son pharmacien qui contacte ensuite la CPTS pour lui", explique Laurence Maestraggi.
