"J’ai fait un burn-out", "la charge mentale est énorme", "il y a un fossé entre les études et le travail", "il y a un manque de reconnaissance et de valorisation", "j’ai sacrifié toute ma vie personnelle pour un métier dans lequel je ne me retrouve pas". C’est par ces témoignages qu’a commencé la présentation de l’enquête qui a eu lieu le 16 mai à la Maison des Soignants dans le XVIe arrondissement de la capitale, et à laquelle 4 183 infirmières ont participé. Tant de déclarations qui illustrent l’état de la profession d’infirmière, la fameuse "colonne vertébrale du système de santé" dont parlait François Braun, quelques jours auparavant.

 

Sur l’ensemble des répondants, 64 % se déclarent insatisfaits (22 % pas du tout satisfaits, 42 % plutôt pas satisfaits) à l’égard de sa situation professionnelle. Ainsi, seulement 36 % des infirmières [participantes] se disent satisfaites de leur situation, alors que taux de satisfaction moyen se situe à 74 % pour les salariés français selon la norme climat social 2022 de l’Ifop. Il s’avère que ce pourcentage varie en fonction de la tranche d’âge. En effet, la satisfaction est clairement plus faible du côté des 35 ans et plus (33 %) ainsi que des 50 ans et plus (30 %). "Plus nous passons de temps dans ce métier, plus la satisfaction se dégrade", indique Chloé Tegny, chargée d’études Senior Ifop Opinion.


Même constat du côté des infirmières libérales (IDEL), qui ne sont que 32 % à être satisfaites professionnellement. "Dans les études, ce sont très fréquemment les infirmières en milieu hospitalier (qui ont un taux de satisfaction légèrement supérieur) qui sont interrogées, et les IDEL sont délaissées. Il y a des facteurs qui jouent en défaveur des IDEL", commente Charlotte Kerbrat, la fondatrice de Charlotte K.

 

Un regard très critique sur leur profession

 

Lors de l’enquête, il a été demandé aux IDE d’indiquer si elles étaient satisfaites ou non par quatorze aspects de leur vie professionnelle. Seuls cinq ont obtenu plus de 50 % de réponses positives : le sentiment d’être utiles (77 %) ; la reconnaissance obtenue de leurs patients (76 %) ; le niveau d’autonomie dans leur travail (75 %) ; l’ambiance de travail (66 %) et enfin, leurs horaires (52 %). Autre point important, seuls 14 % des infirmières ont le sentiment que leur travail est reconnu à leur juste valeur au regard de la technicité des soins et des compétences médicales nécessaires. De plus, elles se sentent en majorité isolés (55 %), incomprises (73 %), stressées (77 %), non reconnues (84 %) et fatiguées (94 %, soit la quasi-unanimité d’entre elles). Au total, 7 IDE sur 10 déclarent qu’il y a plus d’éléments négatifs que positifs dans le cadre de leur travail. L’enquête a mis en lumière un autre chiffre important : 60 %. C’est la part d’IDE qui, si elles avaient la possibilité de revenir en arrière, ne choisirait pas le métier d’infirmière (dont 25 % qui ne le referaient "pas du tout").

 

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