En Régions
La situation, déjà critique depuis quelques années, ne semble pas s’arranger dans le Saint-Amandois (Cher). Épuisé par une augmentation de sa patientèle et un rythme de travail effréné, un médecin généraliste prend sa retraite, emportant avec lui la culpabilité de ne pas trouver de successeur.
"Je me sens coupable de partir." Après 40 ans de bons et loyaux services, Philippe Jacquin, médecin généraliste de Saint-Amand-Montrond, se voit obligé de partir à la retraite. "Le soir, je suis fatigué. Je dois arrêter plus tôt. Si je reste, physiquement, je vais me dégrader", a-t-il confié au Berry Républicain. À l’automne, sa patientèle n’aura plus de médecin, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de trouver une solution, mais dans le village, même la maison de santé pluridisciplinaire n’a plus de place. En 2020, Michel Mrozek, médecin généraliste à l’origine de la MSP, à la retraite depuis avril dernier, se confiait au Berry Républicain sur une fatigue déjà bien ancrée, "tous les médecins travaillent à plein régime et même au-delà du plein régime, on ne peut pas leur demander de faire plus". Aujourd’hui, la situation ne semble pas avoir changé.
Interrogée au sujet de la MSP, Karine Gambade, médecin généraliste installée sur place, a expliqué les difficultés rencontrées. Pour elle, la structure "ne peut pas prendre les patients de Philippe Jacquin. Actuellement, près de 2.500 personnes sont inscrites sur liste d’attente, en cas d’arrivée d’un nouveau praticien. Nous pouvons seulement faire des soins non programmés". Une situation que le Philippe Jacquin connait, mais tant bien que mal il anticipe son départ. "J’ai renouvelé les ordonnances de mes patients pour un an, avec prise de sang. Cela fait un an et demi que je m’organise. Je fais des visites à domicile pour mes patients très âgés. Ils se mettent à pleurer quand je leur dis que je pars. Je ne sais pas quoi leur dire."
Aussi présidente de la CPTS Sud Cher, Karine Gambade estime "que 40 % des habitants [du territoire, NDLR] seront sans médecin traitant". Un constat inquiétant et qui ne rassure pas le futur retraité, "je n’ai personne pour me succéder. Je fais comme tous les autres médecins généralistes, je lâche ma patientèle. Je ne veux pas mourir sur scène". Pour pallier la situation, la MSP accueillera bientôt une infirmière en pratique avancée. L’objectif, venir en renfort des professionnels déjà présents dans la structure.
[Avec le Berry Républicain]
