"Des déserts médicaux d'un côté, des médecins de l'autre. Pourquoi la France ne parvient-elle pas depuis si longtemps à ajuster son offre de soins ?" La question de Nicolas Demorand, animateur du 7/10 sur France Inter, a donné le ton du débat entre le député Guillaume Garot et Agnès Giannotti, présidente de MG France, ce mercredi matin. Notamment depuis que l'article 1 de la proposition loi portée par le député socialiste – qui prévoit que "l'autorisation d'installation soit automatique là où le nombre de médecins est en déficit, mais que dans les territoires suffisamment pourvus en médecins, un praticien ne puisse s'implanter qu'après le départ d'un autre", a rappelé le journaliste – a été adoptée à l’Assemblée nationale. "Un dispositif de bon sens", a rétorqué Guillaume Garot qui souligne la nécessité "d'apporter une solution à cette grande détresse de millions de Français qui n'ont pas de médecin près de chez eux". Face aux départs en retraite non remplacés et aux délais d'attente des spécialistes extrêmement longs, le député parle d'une "terrible injustice" doublée d'un sentiment "d'abandon par la République". D’où cette proposition de loi, "cosignée par 255 députés", et qui "vise à actionner tous les leviers, à ne s'interdire aucune solution, contre les déserts médicaux", a insisté Guillaume Garot.  

"Les idées reçues et toutes faites donnent souvent des mauvais diagnostics", lui a lancé Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins libéraux MG France : "Nous avons une double crise. Nous avons une pénurie de médecins, nous ne sommes pas assez nombreux et nous savons que nous avons cinq années difficiles devant nous, mais que cela va remonter après. Nous avons aussi un problème de crise de l'installation", a précisé la médecin généraliste installée à la Goutte d’Or, rappelant que 6 généralistes sur 10 ne sont pas médecins traitants. "Il faut à la fois tabler sur la démographie, mais aussi, sur la crise de l'installation", assure-t-elle. Or, les médecins s'installent lorsque les conditions de travail s'avèrent "correctes"

 

D'accord sur le constat... pas sur la solution

Il faut certes "former davantage de jeunes au métier de la médecine", a ajouté Guillaume Garot, mais il faut également "accompagner les nouvelles pratiques des jeunes médecins, en particulier ceux qui s'orientent vers le travail en équipe et le salariat". Sa principale préoccupation : "stopper l'aggravation des inégalités d'accès aux soins afin que des territoires déjà déshérités, et donc des milliers de Français, ne se retrouvent sans le moindre médecin". Ce que confirme Agnès Giannotti : "Nous partageons le constat, c'est la solution que nous ne partageons pas", a-t-elle assuré. A ses yeux, la solution proposée par Guillaume Garot "ne marche tout simplement pas car cela est basé sur un zonage qui est faux". Elle cite, pour exemple, son propre cabinet situé en plein cœur de Paris. "Je suis censée être dans une zone qui s'avère être dans les 11% du territoire les mieux dotés. Lorsque j'arrive à mon cabinet le matin, une vingtaine de personnes attendent devant la porte..."  

 

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