En dix ans ou presque, soit entre 2012 et 2021, l’Ile-de-France a perdu 273 ophtalmologistes libéraux : si la région n’en comptait que 949 début 2022, avec une moyenne d’âge de 57 ans, et dont 35 % ont plus de 65 ans. Un constat qui a poussé une vingtaine d’entre eux à créer une équipe de soins spécialisés (ESS), dans le but d’améliorer le parcours de soin des patients et de faciliter leur accès à un avis spécialisé en ophtalmologie. "Pendant l’été, nous avons notamment des variations d’effectifs qui posent problème. Bien sûr, chaque praticien a déjà un ou deux confrères à qui il fait appel, mais l’idée de l’ESS est d’étendre ce réseau et de nous permettre de mieux communiquer entre nous", explique Patrick Simon-Laneuville, ophtalmologue, président de l’équipe de soins et trésorier de l’URPS médecins libéraux Ile-de-France.

D’abord s’organiser entre ophtalmologues avant de rapidement élargir et construire avec les autres acteurs de la santé. Telle est l’ambition de l’ESS, qui fonctionne en association à but non lucratif. "Nous sommes aidés financièrement par l’ARS pour le lancement, puis avons sollicité des partenaires institutionnels, tels la Région et les départements", explique-t-il.

 

"Améliorer la collaboration entre médecins de ville et hôpital ou centres spécialisés est capital"

Recours aux soins non programmés ou en urgence ; développement de partenariats entre hôpitaux publics et ophtalmologistes libéraux ; évaluation des protocoles en place en Ile-de-France ; mise en place de parcours de soins coordonnés, et en partenariat avec les CPTS – dans lesquelles les ophtalmologues ne sont aujourd’hui pas ou peu intégrés – ; continuité des soins en ophtalmologie avec un service de remplacement en lien avec la plateforme d’annonces de l’URPS médecins ; ouverture de la maîtrise de stage en libéral en collaboration avec le coordonnateur du DES d’ophtalmologie… L’ESS souhaite que son action s’articule avec celle du service d’accès aux soins, qui est en train de se mettre en place. "Nous avons différentes pistes de travail. Le fait d’améliorer la collaboration entre médecins de ville et hôpitaux publics et/ou centres spécialisés, comme le service d’ophtalmologie de l’hôpital Avicenne à Bobigny par exemple, est capital. Cela peut permettre à des praticiens de ville d’avoir accès à des plateaux techniques pour des examens complémentaires, pour pratiquer des injections intravitréennes pour le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge…", poursuit le médecin spécialiste.

Autres chantiers importants : travailler sur la téléconsultation, et au-delà, la téléexpertise. "Une plateforme commune nous aiderait à échanger des dossiers, à orienter rapidement un patient vers un autre collègue spécialisé… Je pense, par exemple, aux lésions palpébrales [des paupières, NDLR]. Peu d’entre nous pratiquent cette chirurgie-là, donc une plateforme fluidifierait sans conteste le parcours du patient", note Patrick Simon-Laneuville.

L’ESS songe aussi à la mise en place d’un partenariat avec l’Éducation nationale concernant le dépistage de la myopie chez l’enfant. "Cette pathologie augmente de façon inquiétante chez les petits. Travailler en amont avec les infirmières scolaires – notamment en les formant – permettrait de prendre en charge les enfants rapidement", précise-t-il.

Dans un premier temps, l’équipe de soins spécialisés en ophtalmologie travaillera sur quatre situations : dépistage et prise en charge de l’amétropie et de l’amblyopie chez l’enfant ; amélioration du parcours de soins des patients présentant une urgence chirurgicale en rétine ; amélioration du parcours de soins des patients présentant une lésion palpébrale ; et prise en charge de la DMLA.

Enfin, pour faire en sorte d’enrayer la baisse de praticiens sur le territoire, Argos souhaite ouvrir les cabinets libéraux aux internes d’Ile-de-France afin de leur donner envie de s’installer dans la région. "Il faut que nous en discutions avec la coordinatrice du DES d’ophtalmologie, même si ce n’est pas simple, puisqu’il y a déjà une pénurie d’internes dans les hôpitaux…", conclut le spécialiste.


Participation des ophtalmologistes sur adhésion (25 euros par an) : argos.ess.oph.idf@gmail.com

 

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