Des compresses, des pansements, des médicaments, mais aussi des seringues ou encore un déambulateur... Une montagne de matériel médical inutilisé a été déposée par des infirmières du syndicat Convergence infirmière devant le musée historique de Strasbourg, en plein centre-ville, le 2 avril dernier. La réalité ainsi affichée, permet aux infirmières du syndicat Convergence infirmière – à l’origine de la mise en scène – de dénoncer ce gâchis écologique et économique. Et pour cause, quelque 123 millions d’euros seraient "jetés [chaque mois] par les fenêtres" en France, confie Convergence infirmière à nos confrères de France Bleu.
Cette estimation mensuelle revient, par an, à 1,5 milliard d’euros gaspillés. Amandine Wittmer, infirmière à Dauendorf, dans le nord du Bas-Rhin, montre une boîte bleue et blanche et précise son prix à nos confrères : 15 euros, remboursés par la Sécurité sociale. Dans la pile, il y en a une centaine. "Je vous laisse imaginer la somme", remarque-t-elle.
Luc Keller, infirmier depuis 20 ans à Strasbourg, exprime une colère partagée par ses collègues : "Nous, on attend une revalorisation depuis 16 ans. Soi-disant, il n'y a pas de sous. Au taux horaire, un infirmier libéral est en dessous du SMIC." Les infirmiers espèrent donc que des économies soient réalisées pour mieux utiliser l’argent public, notamment pour revaloriser leurs revenus.
Le syndicat Convergence Infirmière, qui mène des actions dans 12 villes françaises, souligne un gaspillage des ressources publiques. De plus, depuis avril 2025, une mesure oblige les pharmacies à ne délivrer que le matériel nécessaire pour une semaine de soins, une mesure "qui n'est pas encore très bien appliquée" rapporte Luc Keller, qui a déjà constaté des irrégularités.
Véronique Bier, infirmière et représentante du syndicat, appelle à une meilleure écoute de la profession. Elle propose une "visite infirmière systématique à la sortie de l'hôpital" pour s'assurer que les prescriptions correspondent aux besoins réels des patients. "On sait souvent mieux que les médecins ce qu'il faut, on est plus près", précise-t-elle à France bleue.
[Avec France Bleu]