Il a dû prendre "son bâton de pèlerin" pour arriver à ses fins… "Notre commune est plutôt attractive : boisée, à 20 minutes de la plage, à 20 minutes de Lorient, avec une école primaire, une pharmacie, quelques commerces… il ne manquait que des médecins !", lance Alain Nicolazo, maire de Cléguer, une petite ville de 3 400 habitants. Et c'est désormais chose faite car celle qui a été baptisée tout simplement "La Maison de santé" n’accueille pas moins de trois jeunes généralistes – Sébastien Bellegot, Fabien Gobin et Claire Mazaré – venus de Paris, Angers et du Morbihan.

La municipalité a commencé à s’intéresser au sujet en 2016, alors que le seul médecin de Cléguer approchait l’âge de la retraite. Elle a réuni les professionnels de santé du territoire ainsi que les jeunes médecins de la MSP de Pont-Scorff. Fort de l’expérience de cette commune située à quelques kilomètres et de "ce qu’on avait constaté au Salon des maires", ajoute Sandrine Le Glouic, adjointe aux finances et à la communication, "on a compris qu’on ne pourrait attirer des médecins que si on leur proposait de travailler en exercice coordonné et surtout pas avant d’avoir un local à leur proposer". Les élus se tournent alors vers l’ARS, qui décide de ne pas donner suite au projet. "Elle jugeait qu’il y avait suffisamment de médecin dans le canton", regrette le maire qui décide de se lancer "quand même, sans aides, sans subvention". Pour lui, avec une population de 3 400 personnes dont 400 habitants âgés de plus de 70 ans et pour qui il est difficile de se déplacer pour consulter un médecin, mais aussi 300 enfants, "les médecins que nous pourrions 'recruter' allaient forcément avoir de quoi faire !"

"ça a marché parce qu’ils ont senti que la commune était derrière eux"

Alain Nicolazo lance donc des travaux de construction… non sans craindre "d’avoir une maison de santé sans personne" : "J’ai toujours considéré qu’il fallait avoir quelque chose à montrer pour attirer, il fallait donc construire les murs !". Dès lors, l'édile commence un travail de lobbying, fait passer des annonces dans les médias, rencontre les professionnels de santé du territoire pour expliquer son projet et va même tenter de débaucher des remplaçants de la MSP de Pont-Scorff pour leur proposer de s’installer à Cléguer. "Une généraliste m’a répondu qu’elle ne s’installerait que si d’autres médecins venaient aussi… Peu de temps après, j’ai reçu un appel d’un praticien qui m’a dit la même chose. C’est en les faisant se rencontrer que ce que j’essayais désespérément de faire depuis dix-huit mois s’est concrétisé."

 

La "Maison de santé" de Cléguer (Morbihan) @MairiedeCléguer



Pour Sandrine Le Glouic, "ça a marché parce qu’ils ont senti que la commune était derrière eux". Dès lors que les deux médecins construisent le projet ensemble, un troisième praticien s'est montre intéressé par l’aventure. Ils exercent aujourd’hui tous les trois à temps plein à la maison de santé. Cléguer propose à ces libéraux un loyer "raisonnable", correspondant aux frais réels - "la commune ne fait aucun bénéfice sur les quinze prochaines années", précise l'adjointe.

Effet boule de neige. Quand les professionnels de santé des environs entendent qu’une structure d’exercice coordonné va ouvrir à Cléguer, ils se précipitent pour rejoindre l’aventure. Le cabinet d’infirmières passe de 3 à 5 professionnelles au cours de l’année 2022, le cabinet de kiné de 2 à 3, et même le pharmacien a recruté un adjoint. L’arrivée d’une orthophoniste et d’une hypnothérapeute au sein de la MSP est imminente. "Il nous reste à trouver deux chirurgiens-dentistes", pointe Alain Nicolazo, qui précise que des locaux dédiés ont été prévus pour ces professionnels dans la structure.
 

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