À l’origine de la MSP de Montauroux, il y a un constat, dressé par le Dr Maurice Biniasz, médecin généraliste : si rien n’est fait pour contrer la dynamique de la démographie médicale dans le secteur, celui-ci va passer de “zone tendue” à “désert”, en raison des nombreux départs en retraite qui se profilent. Alors, il y a “environ cinq ans”, le médecin commence à penser à une solution : une structure pluripro. Il mûrit l’idée, trouve un maître d'œuvre, et finit par présenter une maquette 3D aux équipes de la mairie, juste avant les élections municipales. L’idée fera son chemin dans l’esprit des élus… jusqu’à s’imposer, un peu remodelée.

C’est une MSP prometteuse qui a ouvert ses portes le 4 avril, dans l’un des neuf villages perchés du Pays de Fayence. L’édifice – la mairie est devenue maître d'œuvre – occupe près de 600 m² de surface, et est doté d’un parking et d’un accès handicapé. L’installation des 17 professionnels (médecins généralistes, urologue, cardiologue, sages-femmes, assistante médicale, infirmière Asalée, kinés, infirmières, diététicienne, psychothérapeute) a été facilitée par des loyers attractifs. Et les projets sont légion et les patients affluent : “À peine arrivée, ma nouvelle consoeur en a déjà plein, des nouveaux, que je ne connais pas”, souligne le généraliste pour illustrer “l’appel d’air”.
 

Une à deux barres au mieux

Mais pour que cette oasis dans le désert ne soit pas un mirage, encore faut-il qu’elle soit alimentée en fibre, car sans accès au numérique, pas de téléphonie, pas d’Internet. Depuis trois mois, Maurice Biniasz a enjoint la municipalité à fixer une deadline, à activer le processus, mais malgré toutes les “précautions oratoires” et la bonne volonté de la mairie, la fibre n’est pas arrivée en temps et en heure dans les locaux. C’est donc privée de connexion que la MSP s’est mise au travail. Car non seulement la fibre est inexistante, mais il est aussi très difficile de capter la 4G : la connexion est faible, une à deux barres, au mieux.

              

 

Alors que pour beaucoup, se connecter à internet, c’est comme “faire couler de l’eau du robinet, comme dirait ma mère”, lance le médecin. Pour avoir une connexion minimale, les professionnels de la MSP sont contraints depuis quinze jours de mettre leur smartphone sur le bord extérieur de la fenêtre, et de lancer un partage de connexion, qui restera aléatoire, déplore le généraliste de 61 ans, aussi secrétaire CSMF 83. Par conséquent, tout est plus compliqué : l’accès aux dossiers patients, aux logiciels métier et de facturation, la télétransmission des feuilles de soins, le partage des données dans le cadre de la CPTS… Côté patients, ceux-ci n’ont souvent pas d’autre choix que de se rendre sur place “comme dans les années 60”, la moitié de leurs appels tombant dans le vide.
 

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