L’ "éco-système" de santé sera le fil rouge de cette journée régionale des maisons de santé et équipe de soins primaire. Quelle est selon vous la place de la MSP dans le maillage territorial ?

La maison de santé est aujourd’hui l’organisation formalisée qui permet la coordination la plus avancée pour des acteurs qui produisent du soin (à l’inverse des autres acteurs du territoire que sont les CPTS ou les Dac et qui ne produisent pas de soin). Dans l’écosystème de santé actuel, je pense que c’est l’échelon de base, l’échelon sur lequel on doit s’appuyer pour déployer les autres formes de coordination et permettre au système, dans un moment de tension, de pouvoir être résiliant jusqu’à ce qu’il y ait peut-être d’autres modalités – qui ne sont pas forcément du fait des acteurs de santé eux-mêmes, mais d’une organisation plus grande du système de santé – qui permettent de retrouver un certain équilibre, tel qu’il était il y quelques années.

Comment se porte le mouvement des maisons de santé en Nouvelle-Aquitaine ?

Les dernières statistiques de la fédération Nouvelle-Aquitaine nous disent qu’on est aujourd’hui entre 19 et 20 % des professionnels de santé du territoire à exercer en exercice coordonné en maison de santé. Mais la répartition n’est pas uniforme sur les 12 départements de la Nouvelle-Aquitaine. Il y a des départements qui sont plus pourvus que d’autres, mais ce qu’on voit venir, – on en est convaincu – c’est que dans les mois à venir, il va y avoir une nouvelle accélération. Parce que le mouvement fonctionne par accélération. Il y a une vingtaine d’années, ceux qui ont commencé de façon informalisée, étaient des pionniers. Puis il y a eu une première accélération il y a une quinzaine d’années, et une seconde il y a sept ou huit ans. Là, on va entrer ans un nouveau cycle d’accélération. On peut estimer raisonnablement qu’en 2027, on aura au moins la moitié des professionnels de santé exerçant en maison de santé.

On retrouve dans le programme de cette journée la notion de « boussole ». Vers quel objectif les maisons de santé doivent-elles nous guider ?

Oui, pour nous, les maisons de santé sont comme une boussole. Cette boussole, elle guide trois principaux acteurs de santé, d’abord les professionnels de santé qui sont très interrogatifs sur leur place dans le système de santé ; les usagers, qui peuvent s’impliquer dans leur propre santé, et être serein dans l’avenir de leur propre prise en charge ; et enfin c’est aussi une boussole pour les autorités, pour les organisateurs du système, car on est le lieu où toutes les expérimentations se réalisent, sont évalués ou évaluables. Cette boussole, elle nous guide vers un système ambulatoire dans lequel l’ensemble des métiers auront la coopération le plus poussé possible, avec comme principal intérêt, la meilleure prise en charge du patient, dans le respect des spécificités des différents métiers. Par ailleurs, lorsque sur un territoire, il y a des difficultés démographiques, les MSP créent des moyens de compensation pour que la prise en charge du patient demeure. Ce modèle nous a permis depuis un certain nombre d’années de voir que même dans des territoires en tension, à partir du moment où il y a une concertation, un échange et un partage, on arrive à trouver des solutions pour maintenir la qualité de prise en charge du patient et permettre au professionnel de continuer à travailler dans un environnement de sérénité et d’épanouissement professionnel. C’était intuitif au moment où les premières équipes se sont mises en place. Et la crise que nous traversons depuis une dizaine d’années nous conforte dans le modèle qu’on a choisi, parce que c’est encore dans celui-là que l’on voit de plus en plus de jeune s’orienter.

Votre première plénière parlera aussi d’ "éco-opérations" (coopération). C’est quoi l’ "éco-opérations"?

L’ "éco-opérations", c’est une coopération économiquement opérationnelle. Ce qu’on essaye d’expliquer avec cette terminologie, c’est qu’aujourd’hui, on a une évolution au sein même des maisons de santé, qui tient compte à la fois des évolutions réglementaires et des demandes des professionnels. On s’interroge notamment sur la capacité des maisons de santé à salarier des professionnels. Les jeunes acteurs qui arrivent souhaitent avoir un statut de salariat, mais rester en ville dont il faut développer un outil opérationnel pour apporter une plus grande sécurité et une plus grande sérénité. Cet aspect nécessite que les maisons de santé soient dotées d’appareils opérationnels qui accompagnent les professionnels de santé dans cette nouvelle étape, et c’est ce dont il sera aussi question durant cette journée régionale.
 

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