Si Ipso santé se présente comme un cabinet "nouvelle génération", le réseau n’en demeure pas moins très proche, structurellement parlant, d’une maison de santé. "On s’en rapproche – exercice pluriprofessionnel, staffs hebdomadaires, dossiers partagés, maître de stage universitaire, accueil des étudiants, horaires étendus…, explique Marie Benque, médecin généraliste associée, mais notre atypie est une approche interdisciplinaire intégrant des compétences nouvelles (technologiques, en management et organisation, etc.) qui permettent de développer des solutions innovantes et de prendre du recul sur l’évolution des métiers de la santé. On travaille notamment sur l’amélioration de la collaboration entre professionnels, l’évolution de la relation avec les patients. Nous avons conçu nous-mêmes notre système informatique : le logiciel utilisé en consultation, le portail de prise de rendez-vous, la gestion administrative." D’où la présence à temps plein de huit développeurs dans les locaux – bel espace de travail au sous-sol, grandes verrières, mobilier moderne – du cabinet de Saint-Martin (Paris, IIIe). "Paradoxalement, notre approche ne nous donne pas accès à tous les financements des MSP, car on n’entre pas dans toutes les cases, notamment nos logiciels ne sont pas labellisés ASIP", explique-t-elle.

Le projet naît en 2012, au sein d’une équipe de médecins, d’ingénieurs, de développeurs et de consultants en organisation. Leur idée : repenser les soins de premier recours pour faire face aux défis actuels : "Soigner plus de gens, plus vieux, plus malades, avec moins de médecins sans que ça coûte trop d’argent à la société", précise la généraliste. D’autant que Paris fait face à un problème de densité médicale, notamment en raison des contraintes financières que représentent la location d’un local, le recrutement de personnel administratif, etc.

Au lancement des premières réflexions, la jeune remplaçante ne se reconnaît pas dans les structures qui existaient : "Il y avait de bonnes idées à prendre mais un peu partout. Nous étions à la limite de toutes les cases existantes et voulions simplement réfléchir à ce qui fait du sens." Et premier constat : "Pour repenser l’organisation, il faut avoir la main sur les outils qui la sous-tendent."

De 2012 à avril 2015, date de lancement du premier cabinet, les aspirations se précisent : exercice en équipe, force du collectif, prise en charge pluridisciplinaire proposée dans un même lieu, réduction des charges administratives… Le local de Saint-Martin, "le plus gros frein car on a mis deux ans à le trouver", ouvre sitôt les travaux terminés. Tout d’abord au rez-de-chaussée, puis, l’activité augmentant, l’espace de 400 m² est entièrement investi.

Focus

Projet Article 51 : le contrat médecin traitant

Si, aujourd’hui, le modèle économique s’appuie sur le paiement à l’acte, l’équipe d’Ipso santé travaille avec l’Assurance maladie sur un contrat médecin traitant. Un paiement au forfait permettant aux soignants "de s’organiser comme ils le souhaitent et d’identifier les besoins qu’ils estiment nécessaires, par exemple financer ce qui ne l’est pas aujourd’hui : la prévention, le psychologue, le diététicien, l’interprète…", explique Marie Benque. Ce contrat engagerait les deux parties : le patient à consulter spécifiquement dans la structure, sauf urgence et hors résidence habituelle, et le médecin à réaliser une évaluation globale partagée avec le patient – les critères d’évaluation sont en discussion –, à proposer des programmes de prévention adaptés et à être plus disponible, notamment par messagerie… "En améliorant l’accessibilité au sens large, le patient aura moins à consulter ailleurs, notamment aux urgences", affirme le médecin.

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