Article publié dans Concours pluripro, décembre 2025

"La maison de santé, elle n’est pas figée. Ce qu’il faut, c’est lui donner la possibilité de continuer à évoluer et puis rester surtout agile." Une agilité que Guillaume Fongueuse, infirmier libéral et président de la Femas Hauts-de-France, souhaite plurielle car "si on commence à enfermer les structures dans un carcan ou un modèle unique, c’est la mort de la dynamique". Pour sa 3e journée régionale, organisée le 21 novembre dernier à la Cité du Vin, à Bordeaux, AVECsanté Nouvelle- Aquitaine a proposé à ses quelque 250 participants de se projeter et d’imaginer la maison de santé de demain : dans quelle MSP veulent-ils exercer dans les années à venir ? À quoi pourrait ressembler cette maison de santé idéale ? Et que faudrait-il changer aujourd’hui pour qu’elle prenne vie demain ?
 


La table ronde sous l’oeil d’Elsa Landais, facilitatrice graphique
 

"J’ai fait un rêve…, a lancé Dominique Dépinoy, président du cabinet Acsantis, qui s’est prêté à l’exercice. Et ce rêve, il se veut ancré dans la réalité. Par exemple, ce serait intéressant que la maison de santé cesse définitivement d’être résumée à un lieu, pour devenir une matrice de transformation des soins primaires. Parce que cette matrice pourrait rendre possibles des dynamiques multiples : le micro, avec l’activité des soignants, le méso, c’est-à-dire la coordination d’équipe au niveau de la MSP, et aussi le macro sur un territoire partagé, et notamment l’articulation avec la CPTS." Et le médecin généraliste imagine ainsi "six ingrédients" pour cette MSP de demain.

 

Six formules magiques

Tout d’abord, une architecture en réseau sur les territoires, avec notamment une MSP "centre" plutôt construite sur de l’hybride digital-physique, et entourée de sites satellites, à distance raisonnée, avec de la pratique avancée, des consultations "épisodiques, réfléchies, organisées" ainsi que des équipes professionnelles mobiles.

Pour Dominique Dépinoy, "il faut arrêter avec le médecin pivot. Le médecin n’est pas pivot. L’équipe peut être pivot, avec notamment une infirmière pivot, un coordinateur pivot… L’histoire du médecin généraliste, plutôt catalyseur de collectif, c’est un nouveau rôle qui est [pertinent], avec une fonction clinique renforcée sur le haut niveau de compétences du médecin généraliste, accompagné par toute l’équipe, en s’appuyant sur les compétences respectives de chacun". Notamment autour des progressions de carrière, de management d’équipe, d’innovation, de participation à la recherche... Une façon d’arriver à des "soins primaires augmentés", qui permettraient "d’étendre la capacité des équipes sans surcharge de travail" , poursuit-il. En complément du 3e ingrédient qu’est l’équipe, le 4e outil pour cette MSP de demain, c’est le financement, parce qu’"il faut dans ce rêve un financement généralisé, généralisable, rapide, qui stimule l’action collective", assure le président d’Acsantis.

Ce qui passe par la capitation, le paiement à la qualité, la rémunération d’équipe... Il serait aussi nécessaire de s’appuyer sur l’intelligence artificielle, "non pas pour remplacer [le professionnel de santé] mais pour aider à la qualité", insiste Dominique Dépinoy, citant l’exemple des cabinets Ipso santé qui utilisent l’IA au bénéfice de la qualité des soins : aide à la décision, repères, alertes personnalisées, aide au suivi à distance, synthèse des dossiers... Enfin, il s’agit de miser sur "un management renouvelé" pour la MSP de demain.

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