Article publié dans Concours pluripro, juin 2024

C’est un petit bout de femme, la chevelure rousse, le sourire taquin et une énergie à déplacer des montagnes. Marie Renaud, Marie Tout Court de son nom de scène, a dû affronter très jeune le décès de deux amies et accompagner sa mère atteinte d’un cancer de la peau. De cette jeunesse, elle hérite d’une peur panique de la mort, qu’elle essaie d’exorciser par le chant. En 2006, elle rejoint l’association "Tournesol, Artistes à l’hôpital" et, pendant une décennie, offre sa belle voix joyeuse aux personnes hospitalisées. Les années passent, mais l’obsession reste : comment aborder la mort, comment la rendre plus supportable pour les personnes qui doivent l’affronter ?

Patiente à la MSP Pyrénées-Belleville (Paris XXe), qui fait partie du Pôle de santé des Envierges, Marie Tout Court ose un jour se confier à François Myara, son médecin traitant. Elle lui propose de se rapprocher des patients en fin de vie de la maison de santé, d’échanger avec eux sur la façon dont ils appréhendent la mort et d’écrire des chansons à partir de leurs récits. "J’ai vu tout de suite les problèmes potentiels. Et si les patients se dégradaient en abordant ce sujet ? Comment cadrer l’artiste dans cette activité ?", se souvient le médecin généraliste.

Un appel à projets sur le bien-vieillir de la Fondation de France précipite ses réflexions. "Nous avons sensibilisé les médecins, les infirmières et nous avons fait valider le projet par le conseil d’administration du Pôle de santé des Envierges, qui compte une trentaine de professionnels des XIXe et XXe arrondissements de Paris." Lauréat de l’appel à projets, "Je me fais la belle" est lancé en 2018.


crédit : Martine Marras

Les médecins de la MSP portent une attention particulière à la sélection des patients. Ils nouent un partenariat avec une psychologue, qui se rend au domicile des personnes si leur état se détériore. Le processus est balisé et sécurisé. Chaque visite se prépare en amont. "Nous présentons d’abord le projet au patient. S’il donne son accord, Marie vient à la deuxième consultation pour faire connaissance. Si le patient est toujours partant, elle effectue sa première visite à son domicile", détaille François Myara.

"Je connais les proches et les amis, ceux qui vont accompagner le patient jusqu’au bout. Si c’est possible, nous chantons le jour de la cérémonie, et je reste en lien avec l’entourage après le décès"
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