Article publié dans Concours pluripro, mai 2024
 

Quand Le Jardin a ouvert ses portes, il y a moins de deux ans, l'ambition était simple : "être proche des populations vulnérables". Aujourd'hui, c'est chose faite. Installé en plein coeur de Bron, dans la métropole lyonnaise, le centre de santé communautaire a facilement trouvé sa place. "C'est Le Vinatier, un hôpital spécialisé en psychiatrie, qui nous a contactés en apprenant qu'on cherchait des locaux. Depuis, nous sommes leurs locataires, cela nous permet d'avoir une collaboration quotidienne avec des psychiatres et des infirmières en psychiatrie", explique Vanina Arigault, médecin généraliste au Jardin. Salariée de la structure depuis janvier 2024, elle partage son quotidien avec cinq autres médecins, trois assistants médicaux, deux médiatrices en santé, deux coordinatrices et une infirmière Asalée. Ensemble, ils accueillent les 3 000 patients du centre, dont 1 500 patients médecin traitant.

"Les usagers du centre de santé sont souvent à l'écart des soins. Quand ils arrivent au Jardin, ils se sentent écoutés et soutenus, donc ils participent à nos ateliers." Ceux-ci sont gratuits et nombreux, ils concernent la dépression, les troubles du sommeil, la parentalité... Pour l'atelier de gestion des chutes, plusieurs professionnels interviennent : "Une éducatrice spécialisée en activité physique adaptée [APA], une danseuse – habituée à travailler avec les personnes âgées – mais aussi un kiné et un podologue extérieurs. Ils suivent 11 patients volontaires durant plusieurs semaines." Il existe aussi un groupe de parole pour les femmes et "il est même possible de prendre part à des activités créatives !", précise Vanina Arigault.

La boussole, au Jardin, c'est la proximité : "Les usagers et usagères ne sont que les habitants de Bron, c'est notre condition pour mener un travail pertinent. Ici, la population est dite 'précaire'. Les besoins sont similaires d'un patient à l'autre, ce qui nous permet une meilleure prise en charge." Associations, foyers et centres sociaux sont partenaires du Jardin, des alliés de taille pour les médiatrices du centre, explique Vanina Arigault : "Elles font beaucoup d''aller vers' pour rencontrer les habitants de la ville ayant des difficultés d'accès à leurs droits."

 

Semer la graine de la santé planétaire

La notion de partage est fondamentale au centre de santé planétaire : la structure est dotée d'un jardin communautaire dans sa cour intérieure, un lieu apaisant à l'origine de son nom. Une ou deux fois par mois, les patients jardinent, s'occupent du potager, et prennent l'air. L'initiative "fonctionne très bien avec les personnes qui vivent en appartement. Le contact avec la nature a des effets bénéfiques sur la santé mentale."

Les soignants, eux, ne gardent pas leurs observations secrètes, elles deviennent ou sujet de thèse ou sujet d'études, autant de "recherches qu'on publie pour faire rayonner au maximum les nouvelles pratiques en médecine" et promouvoir la création de structures comme Le Jardin à l'échelle nationale. Justice sociale, accès aux soins, équité et surtout santé planétaire, le centre de santé est pensé de façon à rationaliser les prescriptions, ne pas surconsommer, privilégier les alternatives non médicamenteuses. "On intègre dans notre prise en charge la question du changement climatique, des limites planétaires. On peut prescrire des 'remèdes de grand-mère' comme des tisanes au thym ou du miel", détaille la médecin généraliste. Privilégier la qualité de la prise en charge à la quantité de patients, c'est le mot d'ordre. Au Jardin, les consultations durent au minimum trente minutes, soit quatorze minutes de plus que la moyenne nationale, d'après la Drees. "Prendre du temps pour expliquer au patient sa pathologie améliore son adhésion et réduit largement le risque d'automédication." C'est aussi cela, améliorer la santé des patients par leur participation.

 

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