Fabriquer des bijoux, cultiver un potager, apprendre la couture, participer à des ateliers cuisine, découvrir le yoga, inscrire ses enfants à des sorties à la piscine… Autant d’activités qui, à première vue, n’ont pas leur place dans le projet d’une maison de santé. « Au début, certains se demandaient pourquoi nous allions sur un terrain d’animation », constate le Dr Marie-Ange Lecomte, présidente de la MSP multisites des Quartiers Sud du Mans.

Avec une diététicienne, une médiatrice en santé et la présidente des usagers, elle porte le projet « Bouge ton corps et fais bouger ton assiette », lancé en 2018. Dans ce quartier en zone précaire, marqué par une forte prévalence d’obésité infantile, l’objectif est d’atteindre des personnes peu enclines à maîtriser leur santé en leur faisant découvrir les bienfaits d’une pratique sportive et en leur proposant des notions de diététique. Douze séances sont proposées. Elles réunissent, tous les samedis pendant six mois, une dizaine d’usagers de tous âges, avec la participation d’intervenants extérieurs (coach sportif et diététicienne) et de différents professionnels de santé. L’ensemble est financé par l’ARS, pour un budget de 14 000 euros par an.

La santé hors du cabinet

Présente à la première séance de présentation et au moment de l’évaluation, le Dr Lecomte, qui exerce dans ce quartier depuis 37 ans, observe des retombées positives : « C’est intéressant de voir les personnes avec une autre approche qu’une simple consultation. Cela change la relation médecin-patient. On est plus ouverts à leur potentiel. » Pharmacienne et présidente des usagers, Marie 
Fargier-Lagrange s’est aussi impliquée dans le projet, dont elle met en avant l’aspect convivial.

Dans cette zone du Mans, les problématiques d’accès aux soins sont palpables, alors que quatre médecins sont partis ces derniers mois, qu’il n’y a que deux dentistes pour 30 000 habitants et qu’il manque de kinésithérapeutes. Les usagers participent d’autant plus à l’organisation des soins et proposent des innovations telle une expérimentation du dispositif « article 51 » pour une meilleure prise en charge des migrants non francophones (interprétariat linguistique) ou l’animation de séances de psychoboxe qui visent à libérer la parole et l’émotion.

Médiatrice en santé, recrutée par la MSP, Marie-Christine Caneval accompagne, de son côté, les usagers dans leur parcours de soins (à la demande des médecins traitants), pour répondre à leurs besoins, récolter des informations et les faire remonter aux professionnels de santé, en mettant en place des actions de proximité avec l’association Santé Prévention 72. « Avec ce projet “Bouge ton corps et fais bouger ton assiette”, qui est adapté à chaque personne, on remarque que les personnes évoquent des sujets de santé hors des murs d’un cabinet. Elles sortent de leur isolement, sont plus dynamiques et ont envie d’avancer », témoigne-t-elle.

RETOUR HAUT DE PAGE