Son arrivée à la maison de santé ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices. Car ce vendredi, lors de la visite du ministre de la Santé à la MSP Cap Horn, plusieurs dizaines de manifestants, dont des professionnels de santé, l’attendaient de pied de ferme devant la structure ouverte en novembre dernier.

Le ministre a visité la maison de santé plateau par plateau, entouré des professionnels de la MSP, du préfet de Seine-Saint-Denis et d'Amélie Verdier, directrice de l’ARS Ile-de-France. François Braun a posé de nombreuses questions sur l’accueil et la satisfaction des patients, le fonctionnement et l’organisation de Cap Horn Santé. Il les a également interrogés sur leur bien-être au sein de la MSP. "Quand une structure fonctionne, c’est le cadre qui doit s’adapter et non l’inverse", a-t-il déclaré non sans ferveur. Une des soignantes de l’établissement en a profité pour lui glisser deux mots : "Tous les patients viennent spontanément. Je suis à la retraite, mais je continue de travailler ici deux jours par semaine. J’exerçais en cabinet libéral avant, et je peux vous dire que la maison de santé est un endroit sécurisant et accueillant, où je suis libérée des contraintes administratives." Ce qu'ont confirmé plusieurs de ses collègues.

Baptiste Gérard et David Marciano, deux professionnels fondateurs de Cap Horn Santé, ont présenté les services dispatchés sur six étages (médecine générale, gynécologie, radiologie, ophtalmologie…). Ils ont évoqué des pistes de projets futurs, ce à quoi François Braun a répondu avec un large sourire "qu’ils en faisaient déjà beaucoup".

Au moins 1000 patients par jour

La visite s’est achevée par un discours de Baptiste Gérard qui en a profité pour dévoiler des informations. "Ouverte il y a plus de cinq mois, Cap Horn Santé répond déjà à une demande très importante de soin puisque nous dénombrons en moyenne 1 000 passages par jour dans l’ensemble de nos services, et ce chiffre ne cessera d’augmenter tout au long de l’année. Nos cinq mois d’expérience nous ont permis de constater quelques points nécessitant des améliorations. La médecine générale est en vraie souffrance et une refonte profonde du mode d’exercice et de rémunération semble inévitable, a déclaré le médecin urgentiste. Pour les soins non programmés, des charges trop importantes en matériel et en personnel ne peuvent être supportées par une consultation à 25 euros. Un nouveau statut intermédiaire entre médecine général et les services d’accueil des urgences serait nécessaire pour répondre à la demande de désengorger les urgences d’ici fin 2024."

S'en est suivie une prise de parole de François Braun qui a démarré son discours par une maxime de Saint-Exupéry : "La pierre n'a point d'espoir d'être autre chose que pierre. Mais de collaborer, elle s'assemble et devient temple. Un temple, ou ici en l’occurrence, une des plus grandes Maisons de santé de France." L'urgentiste de formation a rappelé les particularités de la région Seine-Saint-Denis, département le plus jeune de l’Hexagone, mais qui rencontre de nombreuses difficultés sur le plan sanitaire, mais aussi, social. "Ce département reste aujourd’hui un des premiers déserts médicaux de France, les nombreux défis qui parcourent notre système de santé y sont exacerbés." 

Pour le ministre de la Santé, "l’exercice coordonné doit devenir la norme au travers le développement de différents dispositifs, comme les CPTS et les centres et maisons de santé".

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