Article publié dans Concours pluripro, avril 2022

Votre thèse* questionne une possible "liberté sous contraintes" des professionnels libéraux. Cette liberté est-elle en danger ?

Je ne dirais pas en "danger" mais "en cours de recomposition". C’est ce que j’ai tenté de démontrer dans le cadre de cette thèse : c’est une liberté de plus en plus encadrée mais, pour autant, les libéraux que j’ai pu rencontrer parvenaient à maintenir une autonomie certaine. Et ce de plusieurs manières. Déjà, ce type d’exercice ne remet pas directement en cause l’exercice libéral. C’est plutôt un mode d’action publique incitatif et contractuel qui entraîne effectivement des modifications des pratiques professionnelles, mais rien ne se fait sous la contrainte. Pourquoi ? Parce que les professionnels décident volontairement d’aller vers ce mode d’exercice.

 

Vous dites que la MSP est "un instrument de type incitatif et contractuel". Est-ce qu’à un certain point, ces deux adjectifs n’introduisent pas une sorte de paradoxe ?

Je ne parlerais pas de paradoxe mais plutôt de deux étapes d’un même mouvement : d’abord on incite à y aller et ensuite on contractualise. Mais une fois qu’on a contractualisé, est-ce qu’on ne tombe pas dans quelque chose de contraignant ? C’est la question que j’ouvre à la fin de la thèse : il y a peut-être un risque de non-retour en arrière possible. Parce qu’une fois l’étape de la contractualisation passée, le coût pour y mettre un terme ou de partir d’une maison de santé est assez élevé : les professionnels ont une patientèle accoutumée à la MSP, ils se sont eux-mêmes habitués à leurs locaux et outils d’exercice, et sont devenus dépendants de ces nouveaux modes de rémunération (NMR). C’est ce que François-Xavier Schweyer, professeur à l’EHESP, a appelé un "effet cliquet" : dès qu’on est passé de l’autre côté, la porte ne s’ouvre pas facilement dans l’autre sens.

Une fois l’étape de la contractualisation passée, le coût pour y mettre un terme ou de partir d’une maison de santé est assez élevé
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