Article publié dans Concours pluripro, novembre 2025
 

L'un de vos internes, Adrien Bouchet, a soutenu en juillet dernier sa thèse "Responsabilité populationnelle : retour d'expérience des acteurs de santé du Douasis". Il y interroge différents acteurs afin de recueillir leur avis sur ce dispositif ainsi que le pistes d'amélioration. Quelles sont ses conclusions ?

Après tous les échanges et entretiens menés dans le cadre de sa thèse, il affirme tout d'abord que la responsabilité populationnelle est une démarche approuvée par les acteurs de terrain et qu'il faut continuer à travailler tous ensemble. Deuxième point : il y a des choses qui sont perfectibles, notamment l'acculturation de la prévention, de l'éducation thérapeutique... Et ensuite, le troisième enseignement, c'est qu'on a besoin d'un outil numérique pour inclure les patients et pour permettre un suivi davantage en mode éducatif.

Il évoque également la nécessité de repenser la gouvernance et le pilotage de la responsabilité populationnelle, c'est-à-dire avoir un pilotage équilibré entre la ville et l'hôpital. Car cette notion est portée par la Fédération hospitalière de France (FHF) et compte, aujourd'hui, des chargés de mission responsabilité populationnelle qui dépendent de l'hôpital. Logiquement, le chargé de mission est au service du territoire mais comme il est dans l'hôpital, il a cette étiquette. L'idée dans la thèse, c'est de repenser la gouvernance, de faire un copilotage hôpital-territoire. Par exemple, sur notre territoire, on pourrait imaginer un pilotage à quatre têtes – l'hôpital et les trois CPTS du Douaisis – pour rééquilibrer et penser la responsabilité populationnelle de manière décloisonnée de l'hôpital.

Le Douaisis a été l'un des territoires pionniers de la responsabilité populationnelle. Comment s'est passée, au départ, la mise en relation avec l'hôpital ?

Au début, ça s'est plutôt bien passé, même s'il a été difficile d'embarquer les professionnels libéraux. Quand on a démarré en 2019, il y a eu beaucoup de réunions, de réflexions, de préparations, de réunions cliniques... entre tous les professionnels de santé libéraux et le personnel médical et le paramédical de l'hôpital. Au début, tout ce monde-là s'est posé pour réfléchir à la stratification, notamment pour le diabète et l'insuffisance cardiaque, et voir les profils de patients selon ces deux pathologies, et savoir, en fonction de chaque stratification, qui fait quoi. Donc il y avait un gros travail préparatoire à amorcer, mais cela a permis de poser les bonnes bases.

La CPTS Pévèle du Douaisis a été créée en 2019-2020 et a intégré officiellement la responsabilité populationnelle avec l'hôpital de Douai. Et on était davantage sur le versant prévention de la santé. On a donc développé tout notre plan de dépistage de l'HTA et du diabète via notamment le dispositif Brenda. Tous les ans, on réalise entre 500 et 600 dépistages et ainsi on évite que des gens diabétiques ou des hypertendus qui s'ignorent arrivent à l'hôpital.

Régulièrement, on fait un comité de suivi : deux fois par an à l'hôpital de Douai et deux fois par an, un comité de pilotage territorial, sur notre territoire de la CPTS. Et on commence à imaginer un pilotage plus équilibré, qui serait moins hospitalocentré.

Donc cette responsabilité populationnelle amène l'hôpital à sortir de ses murs et la ville à entrer dans l'hôpital...

La responsabilité populationnelle, c'est un bon moyen de faire le lien entre la ville et l'hôpital. Souvent, on dit qu'il faut travailler avec l'hôpital. Et on se demande sur quoi et comment. On s'est concentré sur le diabète et l'insuffisance cardiaque, parce que ce sont des sujets auxquels les professionnels sont souvent confrontés au quotidien. Et ça permet donc d'embarquer les différents professionnels de santé libéraux mais aussi un service de diabète et un service de cardiologie à l'hôpital. Ce sont des sujets assez porteurs, assez dynamisants. C'est nécessaire, parce qu'on ne peut plus fonctionner comme on le faisait avant, l'hôpital d'un côté, la ville de l'autre. On a besoin de tout le monde, d'unir nos forces et de pousser la complémentarité au maximum pour mieux gérer toutes ces pathologies chroniques qui prennent de plus en plus de temps. Pour moi, c'est très positif.

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