Article publié dans Concours pluripro, septembre 2024

Votre travail analyse l'articulation entre la dynamique professionnelle en place en maisons de santé et les financements qui leur sont dédiés. Quel est le point de départ, et d'arrivée, de cette enquête ?

Les points de départ étaient nombreux. J'étais curieuse de ces modes de rémunération sur lesquelles j'ai enquêté dans le cadre de ma thèse. Notamment la mise en place de rémunérations égales dans les temps collectifs au sein des MSP alors que dans le système libéral, elles sont généralement inégales entre professionnels de santé. Et dès les premiers entretiens, j'ai vu à quel point il y avait des débats autour du partage des rémunérations dans les temps collectifs et je me suis dit que ce serait intéressant d'aller creuser cette question.

De cette question, j'ai élargi le focal de l'enquête à l'ensemble des rémunérations parce que dans les maisons de santé, si les professionnels arrivent à se répartir égalitairement les rémunérations pour les temps collectifs (réunions, projet de prévention commun etc.), ça reste difficile pour eux, par exemple, d'envisager de revaloriser le salaire d'une infirmière salariée ou de la secrétaire qui suit une formation d'assistante médicale. Et c'est là qu'on voit les limites à cette pensée égalitaire qui est vraiment focalisée sur les moments collectifs. Alors qu'une infirmière salariée qui prend en charge un patient, est utile également pour le reste de la MSP car elle fait de la prévention ou réalise certaines tâches.

 

L'absence de hiérarchie prônée en MSP entraîne-t-elle une répartition égalitaire des rémunérations ?

Mon travail montre qu'on peut difficilement parler d'une absence de hiérarchie dans l'organisation de travail. Ce qui est sûr, c'est que collectivement les professionnels en MSP tentent de l'atténuer notamment dans les temps collectifs : pendant ces temps d'échanges, les rapports sont davantage horizontaux... même si les professionnels reconnaissent que ce n'est pas toujours parfaitement égalitaire. Mais ils mettent beaucoup de volonté pour que ce soit plus horizontal. Par exemple, on va rémunérer, pour une heure de réunion, 40 euros l'infirmière comme le médecin ou la psychologue.

L'égalité de ces temps collectifs ne remet pas en cause la hiérarchie qui préexiste au collectif et qui reste maintenu
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