Dans les Pays de la Loire par exemple, une inter-URPS a créé une association pour la création d’équipes de soins primaires. Ou alors, une Union des médecins libéraux a décidé de créer un groupement d’employeurs pour salarier les assistants médicaux et développe un chargé de mission ayant vocation à accompagner les généralistes dans les départements pour mettre en place le service d’accès aux soins (SAS). L’urgence est là : il faut se réorganiser, la solution n’est pas uniquement dans le numerus clausus et certainement pas dans la coercition.
Les politiques se trompent-ils dans leurs priorités pour améliorer l’accès aux soins ?
Très clairement, et ce n’est pas nouveau. Je suis d’un département où des parlementaires, dont le député Guillaume Garot (PS), déposent chaque année des textes contraignants. Je trouve quelque part qu’on est un peu dans le populisme dans la façon dont on aborde les échanges ou les messages vers la population dans la problématique d’accès aux soins. Cela semble être une lapalissade de dire que les médecins vont être envoyés dans les territoires ruraux. Aujourd’hui, il y a en effet une inégalité de répartition des médecins.
Pour autant, il n’y a aucune zone sur-dotée en France. Même dans les villes avec des densités plus importantes, on s'aperçoit qu’en fait, bon nombre de médecins étiquetés comme généralistes ne sont pas des médecins traitants. C’est important de le dire : il n'existe pas de liste du nombre de généralistes qui sont médecins traitants. Donc, toucher à l’installation dans les villes dites à tort sur-dotées risque d’avoir des conséquences négatives sur la qualité des soins.
Avez-vous le sentiment d’être entendu ?
Quand on rencontre les candidats et les politiques, on se rend compte que rien ne change. Guillaume Garot, par exemple, nous a écoutés mais n’a pas changé la moindre virgule à son texte de loi qui prévoyait une orientation prioritaire des jeunes médecins vers les zones sous-dotées. Globalement, le discours des politiques dans le cadre de la campagne n’est pas adressé aux professionnels de santé mais à la population française. Pour eux, c’est bien plus facile de dire qu’on va empêcher des médecins de s’installer dans les grandes villes. Or, je rappelle que, depuis 15 ans, tous les ministres que l’on a eus, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont expliqué que ces mesures étaient contre-productives. On est vraiment dans le populisme.
Vous regrettez l’orientation que prend cette campagne présidentielle ?
Globalement, on est déçu parce qu’on ne peut pas compter sur ces politiques et la politique qu’ils mènent pour faire avancer les choses. On ne peut s’en tenir qu’à nous-mêmes pour nous organiser sur nos territoires, avec les autres professionnels de santé et l’aide de nos URPS. Un autre exemple caricatural : le service d’accès aux soins.