Entretien publié dans Concours pluripro, juin 2023
 

Clément CrozetComment vous êtes-vous intéressé aux questions de santé planétaire ?

Je suis écologue et urbaniste, et la question de la santé a toujours fait partie de mon travail, que ce soit autour de la qualité de l'eau, de la biodiversité. Ma femme est architecte, elle s'est formée sur les questions de santé publique, et, ensemble, nous avons monté une agence spécialisée sur ces thématiques-là, car la demande est en pleine expansion. Par exemple, le maire d'une commune nous a appelés il y a quelques jours, car il souhaiterait faire un éco-lieu d'une friche industrielle sur son territoire en travaillant sur le thème de la santé planétaire. On va donc créer un cahier des charges intégrant des matériaux perspirants-respirants, un assainissement écologique, des essences d'arbres locales, mais aussi non allergènes, l'autonomie énergétique… Nous avons également été sollicités pour créer des MSP. Mais ce sont des discussions qui prennent un peu de temps !

Quels sont les enjeux d'un lieu de soins en santé planétaire ?

L'une des dimensions consiste à montrer l'exemple : les gens qui viennent se faire soigner doivent arriver dans un bâtiment qui est sain pour eux. On travaille notamment sur le caractère perspirant et respirant des bâtiments, la qualité de l'eau, le nettoyage… Il faut aussi un lieu de soins ouvert sur l'extérieur : de plus en plus d'études montrent l'impact positif de la biodiversité et des espaces naturels sur la santé.

Sentez-vous une évolution sur ces sujets ?

Il y a une prise de conscience chez les élus comme chez les citoyens : nous recevons beaucoup de demandes, et il y a de plus en plus d'appels à projets. Du côté des tutelles, il y a une vraie évolution, et la notion de santé planétaire aide. Avant, quand on disait qu'il faut mettre 10 000 euros pour protéger telle ou telle espèce végétale ou animale, on disait souvent que l'argent manquait, mais maintenant que nous pouvons dire que cette espèce est liée à la question de la santé via la santé planétaire, on a beaucoup plus de répondant.

Du côté des professionnels aussi, il y a une forte sensibilité à ces enjeux, surtout chez les jeunes générations ou les plus anciens qui ont pris du recul sur leur métier. Mais ce n'est pas évident pour certains soignants d'accepter que le soin ne constitue qu'une très petite partie de ce qui fait l'état de santé d'une personne, et que c'est l'environnement qui est le plus important.

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