Pourquoi ? Parce qu'en 2017 déjà, les projections de l'université d'Hawaï, publiées dans Nature Climate Change, prévoyaient que 74 % de l'humanité vivrait d'ici à 2100 dans une zone où la température dépasserait les capacités thermorégulatoires humaines. Parce qu'en 2021, Santé publique France estimait qu'entre 2016 et 2019, 40 000 décès en France étaient attribuables chaque année à la pollution aux particules fines. Parce que la Convention des Nations unies contre la désertification rappelait, l'année dernière, qu'entre 1970 et 2019, la sécheresse a été responsable de 650 000 décès, ce qui en fait l'un des risques naturels les plus mortels, et laisse présager des heures sombres étant donné les pénuries d'eau qui se profilent…
Face à de tels phénomènes, faut-il se laisser aller à une certaine forme de désespoir ? "J'ai commencé à exercer comme médecin de rééducation, mais quelque chose me gênait dans mon exercice… J'avais l'impression d'arriver toujours après la bataille, une fois que les gens étaient déjà malades, témoigne Mélanie Popoff, qui exerce aujourd'hui en médecine scolaire. Je ressentais une certaine perte de sens, et j'avais besoin de construire des ponts entre écologie et santé." Même sentiment chez Alexandre Robert, infirmier de formation, qui travaille aujourd'hui au Climate Action Accelerator, une ONG qui se propose d'aider à la décarbonation des secteurs de l'humanitaire et de la santé : "Les soignants sont souvent au bout de la chaîne : ils interviennent principalement sur la maladie, et s'ils le font en prévention, c'est souvent de la prévention secondaire. On se sent assez démuni, en tant que professionnel de santé, quand on se rend compte que ce qui détermine la santé de la population se situe principalement en dehors du soin."