Article publié dans Concours pluripro, avril 2025
 

L'AP-HM a été le premier CHU à ouvrir un centre de santé hospitalo-universitaire dans le quartier des Aygalades à Marseille. C'était en janvier 2022. Aujourd'hui, vous en comptez quatre. À quels enjeux répondent-ils ?

L'enjeu principal est d'offrir un service public de santé de proximité dans des quartiers où il n'y avait pas forcément d'offre présente ou alors de façon insuffisante. Les centres de santé (CDS) de l'AP-HM ont ainsi plusieurs missions : la réduction des inégalités d'accès aux soins en installant une offre de soins pluridisciplinaire et pérenne, le développement de liens entre la ville et l'hôpital pour organiser les parcours de soins des patients, et le développement d'actions de prévention au plus près des populations, à travers des bilans de prévention, le dépistage, la vaccination, l'orientation vers l'APA, des ateliers d'éducation à la santé... Enfin, l'enseignement et l'accueil de stagiaires sont une mission fondamentale pour faire découvrir l'exercice coordonné dans des quartiers prioritaires de la ville et donner envie à des jeunes professionnels de s'y installer.

Dans les quartiers nord de Marseille, un CDS a été installé dans chacun des trois arrondissements afin de mailler le territoire : le CDS des Aygalades (XVe arrondissement), le CDS du Grand Saint Barthélémy (XIVe), le CDS André-Roussin (XVIe) – qui existe depuis 2016 et était précédemment porté par le CH Édouard-Toulouse. Nous avons également repris en gestion le CDS d'Aubagne, proche du CH d'Aubagne, qui fait partie de notre groupement hospitalier de territoire.

Quelles étaient les problématiques dans ces quartiers ?

Ces quartiers présentent une double problématique. Tout d'abord, l'accès aux soins parce que peu d'offres sont présentes sur le territoire. L'ARS Paca et l'Observatoire régional de santé ont réalisé un diagnostic de ces territoires, qui montre par exemple que le XIVe arrondissement de Marseille, à l'image des arrondissements nord, est moins bien doté en médecins généralistes et en spécialistes, que près de 14 % de la population n'a pas de médecin traitant (contre 11,4 % à l'échelle nationale), que la densité d'orthophonistes dans les quartiers nord est moitié moindre que celle de la ville de Marseille...

La deuxième chose, ce sont les indicateurs de santé, particulièrement défavorables dans ces quartiers. On a, de manière générale, une participation plus faible aux campagnes de dépistage organisé des cancers, des taux de vaccination moins importants ou encore un taux de surmortalité, notamment par cancer, plus fort que dans le reste de la population à la fois marseillaise et nationale.

Quel est le mode de fonctionnement de ces centres de santé ? Quel est le statut des professionnels qui y exercent ?

Les centres de santé de l'AP-HM ont le statut de "centre de santé" et sont signataires de l'accord national de l'Assurance maladie. L'ensemble des professionnels sont salariés de l'AP-HM et ont les mêmes statuts que les hospitaliers, qu'ils soient médicaux ou non médicaux. Chaque centre de santé a son propre budget de fonctionnement, qui est d'environ 700 000 euros.

Le centre peut être médecin traitant, et c'est là tout son intérêt : proposer une médecine ambulatoire de proximité capable d'assurer le suivi des patients au long cours. Pour cela, les équipes sont composées de médecins généralistes, kinés, sages-femmes, diététiciennes, psychologues, agents d'accueil, médiateurs en santé, mais aussi de spécialistes en gynécologie, pneumologie, endocrinologie, d'infirmières en pratique avancée et infirmières Asalée, spécialisées dans le suivi des maladies chroniques.
 

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