La crise sanitaire que nous vivons a mis tous les professionnels de santé face à ce besoin d’exercer autour de structures coordonnées, et en a accéléré la mise en place. Quoi de mieux que le terrain et ses actions concrètes pour faire la preuve de leur efficacité ? Des organisations se sont imaginées avec les professionnels de santé, qui sont parvenus à se parler. Et, grâce à l’appui constant des MSP, ces initiatives construites autour des centres Covid ont même réussi à convaincre les plus réticents d’entre nous, les "grognards" pour qui l’exercice coordonné ne pouvait être synonyme que de contraintes et de surcroît de travail administratif. Ceux qui disaient "Mais on en fait déjà", "J’appelle les médecins assez souvent pour savoir ce qu’est la coordination", et qui redoutaient un cadre trop formalisé.



Brigitte Bouzige © B.B.
 

Aujourd’hui nous voilà donc plus que jamais prêts à sortir de "nos murs", tantôt en première ligne au sein de réunions de concertation pluriprofessionnelle autour de patients fragiles, tantôt intégrés au sein de journées dédiées à la vaccination antigrippale auprès des infirmiers, tantôt encore aux côtés du masseur-kiné, de l’orthoptiste, de la diététicienne et du podologue pour une détection collaborative du risque de chute chez les personnes plus âgées… La liste des protocoles de coopération et des professionnels qui s’impliquent s’allonge chaque jour. La pandémie de Covid-19 nous amène à encore plus d’engagement. Avec comme limite de ne pas tomber dans un simple rôle logistico-administratif que nous combattons depuis longtemps et duquel il serait difficile de sortir s’il devait s’installer.

Se coordonner, c’est agir utilement et efficacement ensemble. C’est additionner les compétences de chacun pour multiplier les chances d’optimiser le parcours de santé, au profit de nos patients. Et, pour cela, nous ne devons pas confondre vitesse et précipitation… De plus en plus de pharmaciens ont intégré des MSP, et participent aujourd’hui aux CPTS, mais ne savent pas toujours quelles sont les missions que cette démarche implique. Ils connaissent aussi mal le système de rémunération. La simplification attendue des modalités de leur intégration dans les Sisa en améliorera la lisibilité.

Au-delà de la rémunération, dans ces missions qui nous sont dévolues, il n’y a pas de place pour l’improvisation : il faut se former, se reformer si besoin. Nous le voyons avec la vaccination en pharmacie, par exemple : la coordination des acteurs de soins implique pour beaucoup l’acquisition de compétences, car l’injection n’est pas un acte anodin et habituel pour tous. Nous devons aussi nous prémunir contre un corporatisme incontrôlé, quelle que soit son origine.

Le point crucial n’est pas tant de savoir si nous voulons participer à l’évolution que de bien se donner les moyens d’assurer cette transition professionnelle avec la qualité nécessaire des actes et services qui s’ensuivent, leur traçabilité et la rémunération forfaitaire qui va avec… L’apprentissage quelquefois, la nécessaire adaptation de nos connaissances face à ce nouveau terrain de compétence, et une humilité certaine seront les indispensables atouts de la réussite de notre travail en équipe. Le champ est large et plein de promesses ! Nul doute que la conscience professionnelle dont nous savons faire preuve fera le reste.

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