Deux maires, deux ambiances
Prigonrieux, en Dordogne, et La Flèche, dans la Sarthe, sont deux communes qui ont, chacune à leur manière, soutenu l'exercice coordonné pour attirer des soignants. Leurs maires respectifs nous expliquent comment.
Prigonrieux, en Dordogne, et La Flèche, dans la Sarthe, sont deux communes qui ont, chacune à leur manière, soutenu l'exercice coordonné pour attirer des soignants. Leurs maires respectifs nous expliquent comment.
Article publié dans Concours pluripro, juin 2024
Dans quel contexte votre ville s'est-elle mise à soutenir l'exercice coordonné ?
O. D. : C'est surtout un dossier que j'ai eu à traiter dans le cadre de mes fonctions la Communauté d'agglomération bergeracoise, où j'ai le portefeuille de l'accès aux soins. Il se trouve que l'agglomération et la CPTS du Bergeracois ont le même périmètre, ce qui a facilité nos actions. Nous avons commencé à travailler ensemble pendant la pandémie, notamment pour la vaccination, puis nous avons continué pour voir comment soutenir les MSP de notre territoire.
Quelle forme a pris ce soutien ?
Pour créer des MSP, il faut d'un côté que les professionnels de santé travaillent sur un projet de santé reconnu par l'ARS, et de l'autre il faut des murs. C'est sur cet aspect que les collectivités savent agir. Nous avions donc déjà, sur le mandat précédent, anticipé la construction de MSP, et nous en avons une dans l'est de l'agglomération qui est pleine, il n'y a plus de cabinet disponible pour accueillir de nouveaux soignants. Nous avons donc fait une première extension, puis une deuxième. De même, dans l'est de l'agglomération, nous avons acquis le bâtiment d'un cabinet qui allait perdre un médecin généraliste, ce qui nous a permis de créer une maison de santé, et de retenir certains professionnels. On voit là l'importance que peut avoir ce genre de structure pour faciliter l'exercice des soignants. Nous avons, par ailleurs, un troisième projet, plus proche de Bergerac.
Quelle est votre vision de l'appui aux maisons de santé ?
Nous offrons aux professionnels de santé la possibilité de travailler comme ils le souhaitent, que ce soit à temps partiel ou à temps plein, en exercice mixte ou libéral... Ils paient la location des locaux au prorata de leur revenu, de leur activité, de leur investissement. Ce n'est donc pas gratuit, nous facilitons l'exercice en fournissant un service, qui va jusqu'au secrétariat et que nous voulons développer sur l'ensemble de l'agglomération. Cela correspond aux aspirations des soignants, qui veulent gagner du temps médical tout en retrouvant un certain équilibre et une certaine souplesse.
Quels efforts fournissez-vous aux soignants en plus de cette facilitation administrative ?
Nous pouvons, par exemple, faciliter l'obtention d'un logement, d'une place en crèche, etc. Nous pouvons également faciliter la recherche d'emploi pour un conjoint...
L'approche qu'on pouvait avoir il y a quelques années, quand des collègues partaient la tête dans le guidon pour construire les murs de la maison de santé sans se poser plus de question, cela ne marche pas.
Comment agissez-vous pour favoriser l'attractivité de votre commune aux yeux des professionnels de santé ?
N. G.-C. : Il faut déjà voir que nous avons l'avantage d'être une petite ville à taille humaine située entre deux villes plus grandes : nous sommes à quarante-cinq minutes du Mans et d'Angers. Nous avons beaucoup investi dans les infrastructures, que ce soit en termes de loisirs, de sport, de service à la personne, etc., et nous avons un centre-ville où des boutiques continuent à s'installer. Nous ne sommes donc pas un désert et, pour la partie santé, nous avions quelques départs de médecins et nous avons effectué un travail de longue haleine avec l'ARS et les différents partenaires, avec notamment l'ouverture d'une MSP dès 2010 qui a été le fruit d'un effort collectif.
Comment s'est déroulée cette ouverture ?
Avec l'équipe précédente, à laquelle j'appartenais avant de devenir maire, nous avons fait le pari de garder une maison centrale et d'investir petit à petit dans trois annexes. L'une d'entre elles a un peu de mal à se remplir, mais l'autre est pleine, et nous allons l'étendre dès cette année. Nous sommes en train d'investir pour pouvoir accueillir les médecins, généralistes comme spécialistes, qui souhaitent s'installer. Je vous accorde que je n'ai pas des dizaines de demandes tous les mois, la situation reste tendue, mais nous avons la chance d'avoir une équipe en place qui est très dynamique, avec de jeunes médecins, d'être non loin d'Angers qui est le CHU de référence et d'avoir un petit hôpital à dix minutes, ce qui contribue à l'attractivité.
Comment votre soutien aux MSP se matérialise-t-il ?
La construction est une étape très importante, et nous l'avons effectuée en lien avec les soignants, l'ARS, en diagnostiquant les besoins, etc. Nous avons acquis les locaux, et nous sommes allés chercher des aides auprès de l'État, de la Région... Ce qu'on observe, c'est que la volonté d'exercer de manière collective est très ancrée chez ces soignants, ils veulent conserver cette dynamique d'équipe, ne pas être éloignés les uns des autres.
En tant que collectivité, le fait d'avoir à échanger avec des équipes plutôt qu'avec des interlocuteurs isolés est-il un atout ?
Oui, cela nous permet d'avoir nos interlocuteurs privilégiés. Quand on connaît le contexte du secteur de la santé, on sait que les soignants ne sont pas toujours extrêmement disponibles, et c'est donc particulièrement intéressant d'avoir quelqu'un avec qui parler.