C’est un calcul simple. La MSP de Crécy-en-Ponthieu (Somme) compte de moins en moins de professionnels de santé alors que les charges financières ne cessent d’augmenter. Gérard Lheureux, maire de la commune de 1 300 habitants, tire la sonnette d’alarme et souhaite mobiliser les édiles du bassin de vie afin de les faire participer au financement de la structure de santé qui accueille entre 5 000 et 6 000 patients.
150.000 euros : c'est le montant annuel des frais de fonctionnement pour cette maison de santé. "Je suis obligée de puiser dans mon épargne pour payer les charges, car je ne gagne plus assez. On ne va pas commencer à travailler à perte !", explique Corinne Lartisien, médecin généraliste à la maison de santé, dans les colonnes du Courrier Picard. "Depuis 10 ans, des maires offrent des ponts d’or à des médecins pour qu’ils s’installent en offrant le loyer par exemple. Et nous, on se retrouve à payer 3.000 euros de charges", proteste Chloé Bonhomme, également généraliste. Et au vu des conditions, ils estiment avoir très peu de chance d’attirer de nouveaux professionnels de santé et donc, de trouver un remplaçant pour l’un des médecins qui partira bientôt à la retraite...
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Une situation jugée inquiétante par les médecins, mais aussi par le maire. "Certains étaient prêts à venir mais ils ont trouvé mieux ailleurs", déclare Gérard Lheureux, le maire de Crécy-en-Ponthieu. Pour débloquer la situation, il a informé son conseil municipal de la situation et proposé une aide financière pour soutenir la MSP, mais pour l’heure, aucune délibération n’a été prise. L’aide financière de la commune pourrait représenter 14.000 euros, soit 10 euros par habitant par an. Mais pour que ce soutien financier soit vraiment efficace, il faudrait atteindre la somme de 60.000 euros. Il souhaite donc demander aux communes du bassin de vie, qui profitent des services de la maison de santé, de mettre la main au portefeuille. "Je sais, on va me dire, pourquoi aider les riches ? Certes les médecins gagnent bien leur vie. Mais si nous les soutenons, nous demanderons des garanties", précise Gérard Lheureux.
Ce problème, tout comme l’enjeu de santé publique, ont été évoqués auprès des élus et de la sous-préfecture. Le sujet sera de nouveau mis sur le tapis lors d’une réunion qui rassemblera une vingtaine de maires à Crécy-en-Ponthieu d’ici quelques jours. Problème, les réactions des édiles diffèrent. "Avoir des médecins à proximité, c’est très important. Mais est-ce à la collectivité de financer ? Dans quelles conditions ?", interroge Isabelle Alexandre, maire d’Estrées-lès-Crécy. "Pour l’instant, nous ne disons ni oui, ni non, nous attendons les éléments."
Pour Pascal Boulo, maire de Ligescourt, il est impératif de verser cette aide car "on a besoin de cette structure pour les personnes âgées et les enfants." La conseillère régionale, Patricia Poupart évoque quant à elle "une forme de subvention indirecte versée par des communes qui n’ont pas les moyens de créer une maison de santé".
[Avec le Courrier Picard]