édito
Les pouvoirs publics n'ont plus que ce mot à la bouche : "refonder". Mais derrière cette notion, que faut-il comprendre ? Au-delà de "simplement" déconstruire pour reconstruire, il faudrait en profiter pour repenser entièrement les bases du système de santé.
"Le temps est à la refondation. Celle des urgences, en 2019, dont le pacte a vu la mise en place du service d’accès aux soins (SAS) et de son nouveau modèle de prise en charge. Celle du système de santé plus globalement, en 2022, dont le Conseil national a lancé une vaste concertation au plus près du bassin local. "L’idée est de partir du terrain, de faire du sur-mesure et pas du prêt-à-porter descendant du ministère", expliquait François Braun dans Le JDD le 18 septembre dernier. Une refondation qu’il entend inscrire dans la durée afin d’organiser l’offre de soins de proximité à partir des besoins de santé réels – tant des usagers que des professionnels – dans les territoires.
Si cette refondation souhaite renforcer et consolider les initiatives qui ont fleuri à l’échelle locale, elle s’inscrit dans une volonté d’évolution et de révolution des pratiques, des collaborations et des organisations. Pour autant, loin de se cantonner à la "simple" idée de déconstruire pour reconstruire, ce temps de la refondation doit permettre de repenser les bases de notre système de santé : que veut-on en faire ? qui fait quoi ? quelles sont ses missions socles ? quelle articulation entre l’offre hospitalière et ambulatoire ? quelles ambitions à court, moyen et long terme ? Plus qu’un modèle de santé centré sur l’offre (et ses données quantitatives), le système "refondé" devra prendre en compte les besoins (notamment qualitatifs) de chaque territoire, de chaque population, de chaque organisation. Un "pas de côté" qui nécessite de sortir d’une approche qui se contenterait de poser la question du "combien ?" à une démarche qui s’attacherait plutôt à comprendre le "comment ?" et à savoir le "pourquoi ?".
Ce "pas de côté", plusieurs équipes de soins primaires l’ont fait dès la réflexion de leur projet de santé en déplaçant la focale de l’action individuelle à une logique plus collective : par exemple, en s’engageant dans des démarches de prévention ou des protocoles de coopération, en accueillant les usagers dans leur organisation, en faisant de l’« aller-vers » un principe fondamental de leur fonctionnement… Nous l’avons observé tout au long de notre dossier : la refondation est déjà bien entamée et assumée dans les territoires. Charge désormais aux pouvoirs publics de savoir où – et surtout comment – mettre un coup de projecteur pour faire rayonner toutes ces initiatives régionales."
