Innover pour mieux soigner, trouver des solutions à des lacunes du système identifiées depuis longtemps : les idées et les volontés ne manquent pas dans les territoires, contrairement au temps disponible et au mode d’emploi pour les mettre en œuvre. Paru le 21 février, le décret n° 2018-125 pourrait répondre à cette problématique en ouvrant un chantier d’une ampleur inédite : celui des innovations organisationnelles en santé portées par les professionnels.



Catherine Holué, rédactrice-en-chef.
 

Celles-ci pourront concerner la coordination du parcours de santé, la prise en charge de médicaments onéreux et la pertinence des prescriptions, en dérogeant aux actuelles règles de tarification et de remboursement. Parions qu’il faudra un peu de temps aux professionnels déjà surchargés par leur quotidien – et aux administrations encore peu habituées aux initiatives non normées – pour s’approprier le dispositif et y inscrire leurs projets.

Parmi toutes les innovations possibles, figurent en bonne place les coopérations et délégations entre professionnels. Tandis que des équipes de soins primaires se mobilisent fortement pour essayer d’améliorer l’accessibilité aux médecins spécialistes, un responsable syndical exhorte ces derniers à s’organiser pour répondre à toutes les demandes de soins, notamment en développant les délégations de tâches.

Les ophtalmologues ont ouvert la voie après bien des résistances – en déléguant aux orthoptistes – et aujourd’hui s’en félicitent ; les radiologues, les anesthésistes ont également franchi le pas, alors que la situation est plus tendue pour les gynécologues vis-à-vis des sages-femmes…

L’avènement des infirmières en pratiques avancées participe de ce mouvement de fond, qui n’en est qu’à ses prémices et concernera aussi logiquement l’exercice du médecin généraliste. La redéfinition du contour des métiers de la santé est peut-être la plus importante des innovations en cours en France, à l’image d’organisations déjà mises en œuvre hors de nos frontières.

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