Article publié dans Concours pluripro, octobre 2024
 

Rebeca Martin-OsunaElle a exercé en France métropolitaine, en Espagne, en Guyane... Avant de s'installer, en 2010, à Étoile-sur-Rhône, une petite ville au charme provençal irrésistible, à une dizaine de kilomètres de Valence. La masseuse-kinésithérapeute libérale remplace une consoeur de la maison de santé, qui compte une vingtaine de professionnels. "Ils m'ont fait une petite fête d'accueil, se souvient Rebeca Martin-Osuna. J'ai rencontré tout le monde tout de suite." Elle parle déjà bien français, a accumulé une expérience riche et se fond dans cette équipe à forte cohésion, où les relations sont simples et constructives. Et elle s'intéresse vite à l'organisation territoriale de la médecine et s'investit dans des instances nationales. Mais avant cela...

 

Des Hautes-Pyrénées à la Guyane

Avant, il y a eu l'arrivée en France. "Le moment le plus difficile de ma vie ! Je ne connaissais pas la langue. Le détachement de la famille à 800 km. Et la nuit de notre arrivée, ma copine me dit qu'elle rentre en Espagne." Cela se passe en 2003. Rebeca Martin-Osuna a tout juste 23 ans. Elle a fait ses études de physiothérapie à l'université Alphonse X el Sabio, à Madrid. "Il n'y avait pas de boulot en Espagne. Mon père était comptable, il m'a dit 'Ne reste pas à la maison, viens à mon bureau'. J'ai travaillé un an avec lui." Plusieurs de ses collègues partent en France et y trouvent du travail. Un jour, accompagnée d'une copine, elle décide de suivre. Elles arrivent à Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, où atterrissent ces Espagnols, pour la plupart qualifiés, qui fuient la crise économique des années après Franco. La jeune Espagnole trouve un emploi au centre thermal. "C'était bien, très technique, pas trop dans le soin, les conditions étaient parfaites. On était logé, c'était sympa. On partageait notre vie personnelle et professionnelle."

Elle apprend le français sans professeur, sur le tas, en écoutant d'abord les besoins des patients. Au bout de six mois, à la fin du contrat, elle part à Orléans, en libéral. "La difficulté était le temps gris, avec quelques jours de soleil par an. C'était proche de Paris où j'avais fait plusieurs formations, sur les bronchiolites, le périnée, la rééducation après un cancer du sein... L'échange avec les collègues était passionnant, c'était une période riche, mais je n'étais pas assez mature pour m'engager comme kiné et avancer dans ma profession." Elle décide de retourner en Espagne "pour changer d'air" et retrouver sa famille qui lui manque. Et enchaîne les petites prestations dans des salles de sport, de rééducation. Au bout de dix mois, elle repart retrouver la France, mais celle des outre-mer, en Guyane, au centre hospitalier de Cayenne. Un changement radical de climat, de culture, de paysage, avec la nature flamboyante, la proximité de la forêt amazonienne. "J'ai appris à travailler dans un hôpital à moyens modestes, mais pas assez dynamique pour moi. Sept heures par jour... c'était tranquille par rapport à ma vie en libéral." Le service qu'elle intègre est un peu à part, composé de professionnels qui se déplacent entre les services classiques. Rebeca Martin-Osuna fait notamment de la kiné respiratoire, prescrite dans les suites de la drépanocytose, maladie génétique qui attaque les globules rouges, fréquente en Guyane.

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