Article publié dans Concours pluripro, juin 2025
 

Alors lycéen, Mehdi Djilani envisage trois options d'orientation. Une prépa scientifique, en vue de devenir "pilote de ligne", un métier "à responsabilités", "à forte technicité" et qui fait "voyager" ; une grande école de commerce, pour ouvrir un maximum de portes en entreprises ; et pharmacie, car il trouve les études "intéressantes". C'est son "appétence pour la biologie" qui le conduit à prendre cette dernière voie. Le jeune homme n'a pas hésité longtemps avant de choisir ce "beau" et "noble" métier, avoue-t-il.

Il a en tête d'être officinal, comme son père et son oncle qui lui ont transmis l'image d'un métier "de contact", "de proximité" et "de service". À l'époque, il trouve néanmoins que le rôle de ce professionnel dans la prise en charge est "étouffé", car les médecins généralistes occupent tout l'espace pour faire face à la concurrence. Il y voit un "défi pour l'avenir". Son intuition : une organisation des soins moins médicocentrée est possible.

 

La possibilité d'une île

"Plein d'éléments m'ont fait aller vers l'interpro", précise-t-il. À commencer par le cursus. En 1992, celui qui a grandi à Oléron intègre à Poitiers, l'une des rares facs "mixtes" – médecine et pharmacie. Les étudiants des deux filières ont des cours communs, se retrouvent à la bibliothèque. Ce cadre favorise l'interconnaissance, le respect mutuel, l'appréciation de la valeur ajoutée de chacun. Et le conforte dans "[son] idée de travailler ensemble". Jamais, il ne s'est senti frustré de ne pas avoir fait médecine. En revanche, il a toujours eu de l'ambition pour son métier : "J'essayais systématiquement de me dire : “Avec les connaissances qu'on emmagasine, que peut-on faire demain pour avoir un impact positif sur la santé des gens ?”"

En 1998, le Charentais débute à Paris, dans l'industrie, comme sa femme Fanny, rencontrée à la fac. Il a choisi ce parcours en quatrième année, pour "découvrir autre chose". Grâce à une convention avec l'Escem (ex-Sup de Co), il suit en parallèle un DESS Essais cliniques et marketing. Il travaillera pour Synthélabo et pour Searle, devenu Pharmacia & Upjohn, absorbé par Pfizer. Évoluera dans la vente, la formation, le marketing. Côtoiera des médecins pour le lancement de produits. Le métier était "passionnant", les avantages pluriels : bonne rémunération, voyages... Et quand, en 2022, son père lui annonce que la pharmacie de Saint-Denis d'Oléron, où il a fait un stage, est à vendre : dilemme.

Le couple fait le "grand saut" en 2003 : ils approchent la trentaine, veulent fonder une famille, se rapprocher des leurs, quitter le métro-boulot-dodo. Sur place, il faut s'habituer au changement de cadre (de la capitale au "village au bout d'une île") et de métier (officine vs industrie) ; aux spécificités de l'exercice sur l'île : éloignement des hôpitaux, les contraintes de la saisonnalité. Ils s'adaptent, transfèrent la pharmacie dans un bâtiment plus spacieux et fonctionnel. En 2020, Mehdi Djilani reprend celle de son père à Saint-Pierre d'Oléron, son épouse conserve celle de Saint-Denis.

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