Article publié dans Concours pluripro, mai 2025
 

Il s'en souvient encore. "Un jour, il y a une quinzaine d'années, j'ai eu besoin d'arrêter de dire aux autres ce qu'il faudrait faire et j'ai voulu faire les choses moi-même." C'est ainsi que Marc Weissmann, aujourd'hui directeur des dispositifs d'appui à la coordination (DAC) pour le centre et le nord de l'Isère, gérés par la Maison ressource santé en Isère (MRSI), se souvient de son entrée dans le monde de la coordination. Jusqu'alors consultant dans le domaine des Ehpad et de la gérontologie, il prend, dans le courant des années 2000, la direction d'un petit réseau de soins infirmiers et d'aide – Résia 38 – situé à Grenoble. "Nous étions trois au départ, avec pour objectif de trouver des solutions pour les personnes en situation de handicap lourd... Et nous avons grossi au fur et à mesure, pour évoluer en un réseau polyvalent précurseur de ce qui allait devenir le DAC", se souvient-il.

Marc Weissmann
© M.W.

Mais cette manière linéaire de raconter l'histoire ne rend pas justice à la notion d'engagement qui irrigue le parcours de celui qui avait fait des études de médecine à Paris mais n'a jamais passé sa thèse ni exercé. Car pour lui, activité professionnelle, réflexion éthique et implication militante ne font qu'un. C'est ce qui explique pourquoi il est aujourd'hui responsable de dispositifs d'appui à la coordination mais aussi de la Fédération des acteurs de la coordination en santé (Facs) en Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore de l'axe éthique du Gérontopôle de cette même région. "Je crois à ce que nous faisons avec les DAC. Nous rendons service à des gens qui sont exclus et à des professionnels qui veulent bien essayer de les prendre en charge. Nous sommes un amortisseur en santé. Sans nous, le système aurait encore plus de dysfonctionnements... Je vois cela comme un engagement presque politique, sociétal."

 

Faire connaître le méconnu

Marc Weissmann le reconnaît pourtant volontiers : bien qu'essentiel, le travail réalisé par les DAC est encore méconnu. "Je crois qu'il ne faut pas avoir peur de dire que nous avons un déficit de communication. C'est pour cela que nous souhaitons qu'il y ait une vraie évaluation du service rendu et que nous devons montrer ce que nous faisons." Et quand on lui demande de donner des exemples permettant justement de combler l'ignorance des activités concrètes menées par les DAC, l'Isérois est intarissable. "On travaille pour des gens qui sont en situation d'incurie, des gens qui ne se prennent plus en charge, ne s'intéressent plus à leur santé, à leur vie... Quand on réussit à mettre ces gens en lien avec un médecin, à faire en sorte qu'ils se soignent, qu'ils se lavent, c'est une grande victoire."

Par nature, ce travail se fait, bien entendu, en lien avec les professionnels. "Quand un professionnel nous appelle, qu'il nous dit qu'il va arrêter, qu'il n'en peut plus, et qu'on arrive à l'aider à continuer parce qu'on l'a protégé, c'est aussi une grande victoire. De même, quand on arrive à créer les conditions pour qu'un médecin reprenne les visites à domicile : il y a des personnes qui ne peuvent pas se déplacer, il faut bien trouver des solutions pour que les soins viennent à eux !" Mais le lien est également essentiel avec l'entourage des personnes aidées. "Quand on fait en sorte que les familles acceptent l'inéluctable face à des situations de troubles cognitifs, qu'elles ne se sentent pas coupables qu'on les aide à maintenir leur proche à domicile, quand on parvient à faire que le passage en institution se passe sans trop de souffrance, ce sont de belles réussites", énumère-t-il.

 

RETOUR HAUT DE PAGE